vendredi 8 juillet 2011

Petit bonheur

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samedi 2 juillet 2011

DSK, le retour

Et voilà que la presse, via le staff de l'accusation, nous distille de nouvelles infos, avec revirement spectaculaire. Notez que c'est toujours de l'entourage du procureur et de l'enquête que viennent les infos. La justice continue à utiliser la presse, qui se rue. Après "the Perv" & "the pig", on voit maintenant poindre "la sale menteuse manipulatrice".
Comme je l'écrivais quelques jours après le début de "l'affaire", quelle que soit la vérité, le déroulement des choses relève du tragique, d'où sans doute la fascination qu'elle exerce sur le public.
Plus que jamais, il apert que la justice doit instruire à charge et à décharge, et qu'il faut respecter à la fois la présomption de victime et la présomption d'innoncence.
Maintenant, sur les "rebondissements". Dans les informations écrites ou "fuitées" du bureau du procureur, si tant est qu'elles soient exactes et complètes, il y a trois choses distinctes.
D'abord, les mensonges lors de sa demande d'asile. So what ? Certes, dans un monde parfait, on ne cherche pas à obtenir un statut par des mensonges. Mais dans un monde qui laisse circuler les capitaux et contraint les personnes, j'avoue que j'ai du mal à trouver que ça décrébilise le témoin. Et une accumulation de mensonges, c'est sûr que dans un procès qui repose lourdement sur la parole du témoin/victime, ça rend les choses difficiles pour l'accusation. Mais ça n'empêche pas qu'elle ait pu être violée quand même.
Ensuite, le coup de fil. Une chose au moins est certaine: ça ne donne pas une bonne image du témoin, qu'elle soit victime ou pas; ça me rappelle cette militante (américano-)guinéenne quelques jours après le début de l'affaire sur ivoir-tv, qui disait douter beaucoup de la culpabilité de DSK (et par ailleurs, admirer son action au FMI pour l'Afrique, ce qui m'avait fait à l'époque ranger ses réactions dans la case "renseignements supplémentaires nécessaires pour savoir 'd'où ça parle', comme disent les psys"): "j'ai honte qu'une de mes soeurs ait adopté les moeurs américaines". Dans le contexte, ça voulait clairement dire: utilise le système judiciaire pour se faire du fric. Elle disait aussi, ce qui était plus troublant quand tout le monde alors vantait la vie et la personalité exemplaires de Mme Diallo, qu'elle fréquentait un milieu et des gens peu recommandables (au rang desquels elle mettait le "frère faux-guinéen vrai sénégalais". Mais bon, là encore, ça peut nuancer la perception qu'on a de Mme Diallo, mais ça n'empêche pas qu'elle ait pu être violée; ça donne juste une plausibilité à l'hypothèse qu'elle ait pu monter une affaire.
Le troisième point est en fait le plus troublant, s'il est avéré: le fait qu'elle ne se soit pas cachée je ne sais où en attendant son supérieur, mais qu'elle ait fait le ménage dans une chambre voisine (là encore, plusieurs explications possibles) et surtout qu'elle soit revenue faire le ménage sur les lieux présumés du crime. Personne ne le souligne dans les articles que j'ai lus, mais si ce dernier point est vrai, c'est un énorme problème pour l'enquête. Cela voudrait dire que les preuves matérielles relevées dans la chambre sont de fait invalidées, qu'on ne peut pas prouver que la chambre lors des faits et la chambre au moment de l'intervention des enquêteurs étaient dans le même état. Donc que l'exploitation de tous les éléments de preuve "objectifs" (au sens de factuels, "indépendants des dires des deux parties") sont désormais totalement dépendants d'une interprétation ou d'un scénario appuyés sur les propos d'une des deux parties. Et si le coprs de la jeune femme porte des traces de luttes, alors que, comme cela a été écrit (là encore, vérifié ??), DSK n'en a pas, les enquêteurs se retrouvent probablement dans l'incapacité de prouver quoi que ce soit, dans un sens ou dans l'autre.
Je vois plus là les raisons possibles d'un non-lieu que dans les très médiatisés mensonges sur la demande d'asile, ou les 100 000 $ sur le compte ou les 5 téléphones.