mercredi 23 décembre 2009

L'Art du dialogue

Revu The Awful Truth hier soir -- est-ce la saison ? le spectacle déprimant de la France ? j'ai une grosse envie de retourner à mes classiques, en ce moment...
Ci-dessous, un de mes passages préférés -- ou quand la comédie savait allier légèreté, dialogues ciselés, comique de répétition, gags visuels (j'adore le chat; il y a aussi un chien très bien, dans ce film, Mr Smith ), et allusion. Désolée, je n'ai pas trouvé cet extrait sous-titré ; ci-dessous, une traduction 'à la louche' de l'essentiel.



"Lui: Dans 1/2 heure, nous ne serons plus mari et femme; ça fait bizarre, non ?
Elle: Oui; c'est drôle que les choses soient comme elles sont à cause de la manière dont tu penses qu'elles sont
Lui: Humm ?
Elle: Je veux dire, si tu ne voyais pas les choses comme ça, elles ne seraient pas comme elles sont, non ?nJe veux dire, les choses ne seraient pas comme elles sont si elles étaient différentes, n'est-ce pas ?
Lui: mais les choses sont comme tu les as faites.
Elle: oh non, les choses sont comme tu crois que je les ai faites. Je ne les pas faites comme cela du tout. Les choses sont exactement comme elles ont toujours été; sauf que tu es toujours comme avant aussi, donc je pense qu'elles ne seront plus jamais les mêmes. Bonne nuit.
[...]
Elle: tu es troublé, n'est-ce pas
Lui: pas toi ?
Elle: Non.
Lui: tu as tort sur le fait que les choses sont différentes parce qu'elles ne sont pas les mêmes. Les choses sont différentes, mais différemment. Tu es toujours la même et moi j'ai été idiot, mais plus maintenant. Comme je suis différent ne penses-tu pas que les choses pourraient être les mêmes à nouveau, juste un tout petit peu différemment ?"
Limpide, non ?

samedi 19 décembre 2009

' The men of unborrowed vision'

A mes yeux, un des plus beaux films de cette époque pourtant riche -- hymne flamboyant au génie créateur, sa part d'individualisme noble, pétri d'intégrité et de solitude. Amateurs de retenue distante s'abstenir: rien de suggéré ici, tout est souligné, chaque plan, chaque cadrage, chaque éclairage est étudié, lourd de sens, tout pulse de passion et de force. Joyeux Noël ! Pour le Nouvel An, si je trouve, Duel au Soleil, un autre immense King Vidor.

The Fountainhead (Le Rebelle), King Vidor




jeudi 17 décembre 2009

Chapeau !

'D'abord ils vous ignorent, puis ils vous ridiculisent, ensuite ils vous combattent, puis vous gagnez.'

Gandhi

Le régime n'a pas fait les choses tout à fait dans l'ordre, mais les opposants ont trouvé une belle réponse au point 2...

http://blog.lefigaro.fr/iran/2009/12/des-hommes-en-foulard-pied-de.html



dimanche 13 décembre 2009

Comment l'esprit vient aux filles

Pas mon Cukor préféré, mais il me laisse avec une profonde question métaphysique:
une voix aussi insupportable peut-elle être naturelle, surtout quand on s'appelle Holliday, et que le personnage s'appelle Billie ?


mardi 8 décembre 2009

Bonheurs de mystiques

Les joies du mysticisme

« Certains d’entre nous observent, dans leur faculté d’imagination, l’image qu’ils se forment de l’individu où apparaît l’objet de l’amour et ils contemplent sa présence en s’unissant à lui dans cette faculté. De cette façon, ils gardent la présence de l’individu auquel ils se sont identifiés, mais en réalisant une union plus douce que celle qui se produit avec un être physique.
C’est ce phénomène qui détourna Qays le fou de la préoccupation de Layla quand elle s’offrit à lui physiquement. Il lui dit, sous le coup de cet état : « Disparais de ma vue !… » La perception sensible de la bien-aimée lui masquait la subtilité de cette contemplation imaginative, car Layla paraissait dans l’imagination de Qays plus attractive et plus séduisante que sous son aspect physique. Une telle disposition constitue le côté le plus suave de l’amour et celui qui la possède ne cesse d’être dans la félicité sans se plaindre de la séparation d’avec l’être aimé ».
Ibn ‘ Arabi, Traité de l’amour, §76


Ça doit être bien commode. Sauf pour l’individu en qui se projette l’objet de l’amour. Quand c’est Dieu, pas de problème. Mais je me demande comment Layla a réagi…

vendredi 4 décembre 2009

jeudi 3 décembre 2009

Minarets, sondages et referendum

Difficile de comparer un sondage à un référendum. Mais bon. La bonne nouvelle, c'est la quantité de gens qui s'en foutent (que j'interprète, avec optimisme certes, comme: 'y'a des choses plus importantes dans la vie, non ?'); si on les additionne avec les favorables, c'est une petite consolation.
La mauvaise nouvelle, c'est l'évolution. Je continue à penser que le poids institutionnel donné, via le Conseil du culte musulman, aux représentants radicaux, si on l'ajoute au poids médiatiques de intégristes de tous pays, au détriment des musulmans laïques, n'y est pas pour rien.
L'interrogation, c'est comment interpréter le rapport entre les deux questions: la deuxième porte à la fois sur minarets vs mosquées, et sur interdiction (on peut être défavorable à une interdiction sans être favorable à la construction: tolérant ou éventuellement faux-cul, mais plausible, non?); ou favorable aux mosquées sans minarets; ou, ou, ou... Là, la petite consolation, c'est qu'on fait quand même un peu mieux que les Suisses avec leurs 57,5%. Mais ce n'est qu'un sondage.



" Une majorité relative de Français est hostile à l'édification de mosquées en France et à la construction de minarets, selon un sondage Ifop pour Le Figaro à paraître jeudi.
A la question "êtes-vous favorables, opposé ou indifférent à l'édification de mosquées lorsque les croyants musulmans le demandent?", 19% ont répondu "favorable", 41% "opposé", 36% se disant "indifférent" et 4% ne se prononçant pas. Les électeurs de Jean-Marie Le Pen (1er tour de la présidentielle de 2007) y sont opposés à 87% (3% pour), ceux de Nicolas Sarkozy à 48% (13% pour) et ceux de Ségolène Royal à 25% (28% pour).
En 2001, 31% des personnes interrogées avaient répondu "favorable", 22% "opposé", pour 46% d'indifférents et 1% qui ne se prononçait pas.
A la question "êtes-vous favorable à l'interdiction de minarets", une majorité a répondu oui: 46%, contre 40% de non, 14% ne se prononçant pas. Le pourcentage est majoritaire chez les électeurs de Jean-Marie Le Pen au 1er tour de la présidentielle de 2007 (79%), de Nicolas de Sarkozy (55%) et d'Olivier Besancenot (48%). Minoritaire chez ceux de Ségolène Royal (34%) et François Bayrou (33%).
L'étude de l'Ifop a été réalisée auprès d'un échantillon de 983 personnes, représentatif de la population française de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne, du 1er au 2 décembre, soit après le vote référendaire helvétique qui s'est prononcé pour l'interdiction de la construction de minarets en Suisse. "


page d'accueil AOL

lundi 30 novembre 2009

Y'a d'l'espoir même pour la France

64% des français pour une régularisation des sans papiers au cas par cas, 24% pour une régularisation massive, 12% opposés à toute régularisation. Enfin un sondage qui met de bonne humeur. Et une page d'accueil d'AOL intéressante.

http://actualite.aol.fr/salaries-sans-papiers-64percent-des-francais/article/20091130010600871321922

samedi 28 novembre 2009

Identité française

Arianne et Audrey contribuent au Grand Débat National. Merci Billy...







Dommage, la fin de la concersation avec la police est un petit bijou, mais je ne l'ai pas trouvée...

dimanche 22 novembre 2009

The road of excess

The road of excess leads to the palace of wisdom
W. Blake

Pour la petite histoire: je cherchais sur Youtube la splendide version de Let The Slave par Mike Westbrook (JJ, ma reconnaissance éternelle pour m'avoir fait découvrir ce bijou il y a 25 ans), ou, à défaut, celle de Van Morrisson. Personne ne l'a partagée. Bouh! Et moi, je ne sais pas encore faire... Tant pis, je me la réécouterai égoïstement toute seule.
Mais je n'ai pas cherché pour rien: j'ai trouvé ça, avec les illustrations de Blake. Youpi!


Prudence is a rich ugly old maid courted by Incapacity.
He who desires but acts not, breeds pestilence.
The cistern contains: the fountain overflows.
If the lion was advised by the fox, he would be cunning.
You never know what is enough unless you know what is too much

W. Blake. Proverbs of Hell

Pour ce qui ne connaîtraient pas Blake, session de rattrapage rapide:
http://en.wikipedia.org/wiki/William_Blake

mercredi 11 novembre 2009

wisdom

Qui veut faire quelque chose trouve un moyen.
Qui ne veut rien faire, trouve une excuse.

Proverbe Arabe.

dimanche 25 octobre 2009

samedi 24 octobre 2009

jeudi 22 octobre 2009

Brassens in memoriam

"Quand Brassens est mort, je n'ai pas honte de l'avouer à quarante ans passés, j'ai pleuré comme un môme. Alors que quand Tion Rossi est mort, j'ai repris deux fois des nouilles"
Pierre Desproges



Pour changer en amour notre amourette
Il s'en serait pas fallu de beaucoup
Mais, ce jour-là, Vénus était distraite
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Des jours où il joue les mouches du coche
Où elles sont émoussées dans le bout
Les flèches courtoises qu'il nous décoche
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Se consacrant à d'autres imbéciles
Il n'eu pas l'heur de s'occuper de nous
Avec son arc et tous ses ustensiles
Il est des jours où Cupidon s'en fout

On a tenté sans lui d'ouvrir la fête
Sur l'herbe tendre, on s'est roulés, mais vous
Avez perdu la vertu, pas la tête
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Si vous m'avez donné toute licence
Le cœur, hélas, n'était pas dans le coup
Le feu sacré brillait par son absence
Il est des jours où Cupidon s'en fout

On effeuilla vingt fois la marguerite
Elle tomba vingt fois sur "pas du tout"
Et notre pauvre idylle a fait faillite
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Quand vous irez au bois conter fleurette
Jeunes galants, le ciel soit avec vous
Je n'eus pas cette chance et le regrette
Il est des jours où Cupidon s'en fout

mardi 20 octobre 2009

Neruda

Une nouvelle fois merci à Isabella, qui est une source précieuse de liens poétiques!

jeudi 8 octobre 2009

Passantes

L'amie d'une amie a posté ce lien vers le texte de Garcia Marquez, 'L'Avion de la belle endormie' (?) que je découvre et trouve magnifique : '

Du coup, m'a fait penser à Brassens, Les Passantes,
- version en duo avec Maxime Le Forestier et un couplet en plus et sous-titrée en anglais:
http://www.youtube.com/watch?v=nvmwmuycrDs

- version d'origine:

http://www.youtube.com/watch?v=l4Q7urIVYAE

- version italienne (!):
http://www.youtube.com/watch?v=XFT29VuKLkw&feature=related


Ce qui du coup me fait penser à Baudelaire, plus nerveux néanmoins, dans Tableaux Parisiens:
A une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit! -- Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!

Ce qui.... Ben non, là, ça ne me fait plus penser à rien. Mais je vais y songer !

mercredi 7 octobre 2009

Et Dido

Je dédie ce lien à M. Ferrand, dont les cours sur Virgile, il y a 25 ans, m'ont soudain révélé que le latin était une langue, et la traduction une quête.
"ET DIDO.... Vous le sentez, là, le mot molos ? ça pèse, c'est lourd, elle est malheureuse, là, Didon."




http://www.youtube.com/watch?v=3FIRDl1OpC0


samedi 3 octobre 2009

L'Homme de hasard

Je suis en train de découvrir Yasmina Reza, que sans raison j'avais mentalement cataloguée comme auteur mondain. En fait, j'aime beaucoup. Un petit air de Nathalie Sarraute dans Pour un oui, pour un non (aaah, joué par Trintignant et Dussolier, quelle merveille!), cette faille des êtres et des relations, où chacun se démmerde comme il peut avec sa vie, entre aspirations contradictoires. Avec toujours ce petit quelque chose à sauver même chez les moins spontanément attirants.

Extrait de L'Homme de hasard :

(Contexte grossièrement résumé: Dans un train, un écrivain se laisse porter par ses pensées, sur la vie et sur son oeuvre. En face, une femme se laisse porter par ses pensées, sur sa vie et sur un auteur qu'elle aime : lui. Elle avait commencé la lecture de son livre, mais doit-elle le sortir pour continuer sa lecture, avec l'auteur en face? comment engager la conversation ? ou pas ? Je saute direct au passage final:)

-- (Lui:) Vous ne voulez pas me parler de ce livre ?
-- Puis-je vous en parler sans l'avoir terminé ?
-- Oui. La fin, vous le savez, est sans importance.
-- Eh bien... le livre me dit la même chose que cette photo de Prague au-dessus de vous... Il me donne, une fois de plus, la nostalgie de ce qui ne se déroule pas.
La nostalgie de ce qui pourrait être.
Est-ce qu'il parle d'autre chose ?
-- Vous ne trouvez pas irritant ce ressassement?
-- Si. Je ne lis jamais sans être irritée.
C'est un écrivain profondément irritant.
-- Ah oui.
-- Vous aussi vous êtes irrité.
-- Oui, oui, irrité, très irrité.
Vous allez à Francfort?

(Un temps.)

-- C'est un écrivain irritant et, à mon avis, assez mineur. Vous avez tort de vous y intéresser.
-- Irritant oui. Mineur non.
Tout ce qu'on aime est irritant.

[...]
Vous n'avez pas le droit d'être amer.
En vous lisant, il y a eu mille instants comme des éternités. Et s'il faut que je me montre à la hauteur du diable qui m'a déposée dans ce compartiment, je dois vous avouer que je vous ai aimé follement et que dans une autre vie -- pour ne pas vous gêner -- je me serais envolée pour n'importe quelle aventure avec vous...
(Il rit.)"

mercredi 30 septembre 2009

Outrageously frivolous

Y'a pas à dire, j'adore mes nouvelles chaussures.






Et en plus, il fait si beau que je n'aurai pas à attendre juin pour les porter.

C'était la minute de frivolité de Mme Cyclopède. Etonnant, non ?

mardi 29 septembre 2009

Accident, catastrophe, autonomie

Ce matin, pour annoncer un nouveau suicide à France Télécom, une responsable vient de parler d'accident. Cela me rappelle ce journaliste de télé, qui, quelques mois après le 11 septembre, commentait le tsunami en parlant de "cette nouvelle catastrophe". Visiblement, sans y mettre la moindre connotation étymologique ou philosophique -- juste un nouveau machin qui arrive et qui fait plein de morts. Regards purement extérieurs, sans profondeur causale ni réflexive. Sûr qu'à FT, le responsable de la gestion des accidents du travail et de la sécurisation comptable des flux humains va bosser, et stresser, parce que son bilan individuel ne sera pas optimisé cettte année, et que l'affichage va s'en ressentir.

Malgré ses raccourcis parfois irritants, je ne peux pas m'empêcher d'en apprécier plus Défense et illustration de la novlangue française, de Jaime Semprun (Editions de l'Encyclopédie des nuisances, Paris, 2005) -- merci JJ! finalement, je l'ai embarqué à Toulouse; je te le rends en novembre ou je te le poste ? :
"Je crois avoir dit tout ce qu'il est raisonnablement possible de dire en faveur de la novlangue, et même un peu plus. Après cela, je ne vois pas ce que l'on pourrait ajouter de plus convaincant pour en faire l'éloge. Cependant, l'ayant défendue en tant qu'elle est la plus adéquate au monde que nous nous sommes fait, je ne saurais interdire au lecteur de conclure que c'est à celui-ci qu'il faut s'en prendre si elle ne lui donne pas entière satisfaction".

Intéressante double-page Débats, sur les suicides au travail, dans le Monde de Samedi 28 septembre (hélas, je ne sais absolument pas trouver ça sur leur site pour mettre un lien): "Axé sur la gestion, la rentabilité et l'individualisme plutôt que sur le métier bien fait et le vivre ensemble, le management actuel génère un environnement pathogène". Toute resemblance avec...

dimanche 6 septembre 2009

De l'espoir pour le cancer...pas pour la recherche

Dans l'alsace/le pays du 18 décembre 2008 (c'est moi qui souligne les dernières phrases):
Cancer Une mutation prometteuse
Une équipe mixte de recherche ULP/CNRS à Strasbourg vient de publier des travaux qui montrent comment une mutation infime sur une protéine d’un virus provoquant le cancer a transformé celle-ci en substance anticancéreuse.
Gilles Travé et Murielle Masson travaillent depuis dix ans sur une protéine du virus du papillome humain qui provoque le cancer du col de l’utérus. Le prix Nobel de médecine 2008 a d’ailleurs été attribué au professeur Harald zur Hausen qui a montré le lien entre l’infection par le virus du papillome humain (HPV) et le cancer du col de l’utérus. Autre coïncidence, ces travaux sont publiés en même temps que se déroule la campagne nationale d’incitation à la vaccination des jeunes filles contre le HPV, responsable de la majorité des cancers du col de l’utérus.Pour comprendre l’importance des travaux de l’équipe strasbourgeoise, il faut savoir que dans 99 % des cancers du col de l’utérus on retrouve une protéine appelée E6 du virus du papillome humain (HPV). Les chercheurs ont étudié la structure atomique en trois dimensions de cette protéine et effectué des mutations ponctuelles dans une zone particulière de E6. « Une de ces mutations a eu un effet très inattendu, explique Murielle Masson. La protéine du virus qui favorisait la multiplication des cellules cancéreuses a vu sa fonction inversée. Une fois mutée, elle bloque la prolifération et provoque la mort des cellules cancéreuses. » Pour les chercheurs, cette découverte ouvre des voies de compréhension des mécanismes de déclenchement de la mort des cellules cancéreuses du col de l’utérus. « Notre objectif va être maintenant de voir comment on peut activer ces mécanismes, avec à terme, de possibles perspectives thérapeutiques. » Ces travaux et projets de recherche en cours se déroulent dans un contexte assez difficile pour ces chercheurs. La récente réforme du CNRS n’a pas reconduit leur unité mixte pour 2009, la transformant en Formation de recherche en évolution (FRE) d’une durée de vie de deux ans…
G.D-A.

lundi 31 août 2009

Voix de femmes

Pour la rentrée, et sa nostalgie de septembre, de bien belles voix de femmes.

Melody Gardot
Worrisome Heart
http://www.youtube.com/watch?v=kHikSjIpdvI

Baby i'm a fool
http://www.youtube.com/watch?v=2oQegBHYokE&feature=related

Love me like a river does
http://www.youtube.com/watch?v=zFjoEl1sk1Q&feature=related

Quiet Fire
http://www.youtube.com/watch?v=EsYrpHcGy5E&feature=related

Tracy Chapman
At this point of my life
http://www.youtube.com/watch?v=az3llyeTlrM&NR=1

samedi 11 juillet 2009

Youpi!


Bonnes vacances à tous !


mercredi 8 juillet 2009

Dors mon p'tit quinquin

Collectif des enseignants mobilisés de l’université Lille 2
Communiqué de presse du vendredi 3 juillet 2009
Sanctions inédites à Lille 2 pour rétention des notes :

11 jours de salaire en moins au mois de juin pour les enseignants mobilisés
Les délibérations des deux semestres sont en cours (jurys regroupés) à la Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales de l’université Lille 2 Droit et Santé, après que nous, enseignants mobilisés, avons remis nos notes à l’administration dès le 12 juin, respectant ainsi les engagements pris lors d’une mission de conciliation du 11 juin. Pourtant, huit d’entre nous sont aujourd’hui touchés par une sanction administrative, dont la lourdeur est inédite en France.
Onze trentièmes du traitement mensuel brut sont en effet retirés sur le salaire de juin des enseignants ayant retenu les notes du premier semestre. Cette mesure correspond à la période du 20 au 30 avril, ouverte par des notifications envoyées le 20 avril par le président Christian Sergheraert en recommandé avec AR, auxquelles nous avions pourtant répondu par une demande de rencontre, restée lettre morte. Nous ignorons, à ce jour, si le président a l’intention de continuer les réductions de salaires correspondant au mois de mai et aux 11 premiers jours de juin
De quoi nous accuse-t-on ? De « manquement grave à nos obligations de service » …
Et pourtant, à l’instar de la situation dans la grande majorité des Facultés et UFR de France, les notes ont été communiquées par les collègues aux étudiants dès le début du mois de février ; des attestations leur ont été délivrées, et les délibérations avaient été reportées au second semestre par une délibération du Conseil de Faculté dont personne n’a contesté la légitimité
Ce qui est en jeu, c’est bel et bien la volonté de sanctionner pour l’exemple des enseignants de tous statuts mobilisés pour obtenir des améliorations des conditions d’études des étudiants et de travail des personnels, préoccupation au cœur des mobilisations universitaires de l’année 2009, tant au plan national qu’au plan local.
Après des mois de mobilisation, le Conseil de faculté du 9 juin a pris acte de notre volonté de dialogue constructif pour une réelle prise en compte de nos revendications, et formé en son sein une mission de conciliation chargée de rencontrer les enseignants mobilisés
Cette procédure a permis la rédaction d’un texte dans lequel figure la reconnaissance de certaines de nos revendications locales : refus de la modulation des services, suppression de frais de dossier d’inscription en M2, limitation à 25 du nombre d’étudiants par groupe de TD en licence, ouverture d’une réflexion sur la durée des TD et d’un chantier de résorption de la précarité des personnels administratifs, techniques et enseignants, budget de fonctionnement pour les master 2 (cf. annexe).
Le 12 juin, le président a indiqué, par l’intermédiaire du doyen de la Faculté, qu’il acceptait les termes de ce texte, suite à quoi nous avons aussitôt remis nos notes.
Néanmoins, sur le site de l’Université de Lille 2, on ne trouve pas trace de ce texte, ni même de l’existence d’une mission de conciliation menée au sein de la Faculté.
Le communiqué de la présidence du 18 juin est particulièrement bref et son caractère purement informatif (mais dont la datation est inexacte) tranche avec la teneur particulièrement virulente des communiqués précédents :
« Les dix enseignants de la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de l'Université Lille 2 qui retenaient les notes d’examen du 1er semestre, les ont fourni ce 16 juin à l’administration, permettant ainsi aux étudiants d'obtenir leur relevé de notes du 1er semestre et aux délibérations d’avoir lieu dans des conditions normales. »
L’absence de mention faite à la mission de conciliation de la Faculté et à l’accord qui en a résulté, associée aux retenues de salaires, nous incite à rester très vigilants sur les conditions de mise en œuvre des modalités pédagogiques stipulées dans ce texte, auquel le président a donné son accord.
Forts d’un soutien national constant et massif de la part des enseignants et chercheurs mobilisés partout en France, nous avons pu, à Lille 2, prouver en actes que nos revendications ne sont pas corporatistes. Tout au contraire, nous nous mobilisons pour un service public d’enseignement supérieur et de recherche ambitieux et réellement démocratique. Grâce au soutien de milliers de collègues, d’associations disciplinaires, sociétés savantes et organisations syndicales, nous avons réussi à faire entendre notre voix, alors que nombreux étaient ceux qui voulaient nous faire taire.
Il nous reste maintenant à être vigilants sur l’application du texte de conciliation : raison de plus, outre l’absence de satisfaction des revendications nationales, pour rester mobilisés dès la prochaine rentrée universitaire !
Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de l’évolution de la situation dans notre Faculté et notre Université.
*****
Communiqué de presse commun du lundi 15 juin 2009
Lille 2 : les délibérations se tiendront fin juin à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales.
Dans sa séance du 9 juin, le Conseil de la Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales a adopté, à l’unanimité moins une abstention, une délibération créant une « commission de conciliation », composée des présidents de jurys membres du Conseil, aux fins de tenter de proposer une solution à la situation créée par la rétention des notes du premier semestre par des collègues mobilisés.
La commission a rencontré jeudi 11 juin une délégation du Collectif des enseignants mobilisés. A l’issue de cette rencontre, qui a duré plusieurs heures, un accord a été trouvé sur un texte (reproduit ci-après) que la commission a ensuite transmis au Président de l’Université.
Celui-ci ayant fait connaître son accord dès le lendemain, le texte a été transmis aujourd’hui au Conseil de Faculté.
En conséquence, les enseignants mobilisés ont aussitôt commencé de remettre les notes aux présidents de jury, ce qui permettra aux jurys de tenir les délibérations dans le calendrier arrêté par le Conseil de Faculté.
Pour la commission de conciliation :
Monsieur le professeur Chistian-Marie Wallon-Leducq, Professeur de science politique et Président du jury de la première année de licence section B.
Monsieur le professeur Louis De Carbonnières, Professeur d’histoire du droit, Président du jury de la première année de licence section A.
Pour le Collectif des enseignants mobilisés de Lille 2 :
Monsieur Philippe Enclos, Maître de Conférences en droit privé, élu au conseil de faculté
Mademoiselle Nathalie Ethuin, Maître de Conférences en science politique, élue au conseil de faculté

ANNEXE

"Les présidents de jury membres du conseil de Faculté ont été mandatés lors de la séance du mardi 9 juin 2009 afin de proposer les termes d’un accord au sein de la Faculté permettant la bonne tenue des délibérations.
Les sept présidents de jury se sont concertés ce jeudi 11 juin puis ont rencontré une délégation des enseignants mobilisés.
En la circonstance, ils jugent utile de rappeler à tous la promesse faite lors de la cérémonie des vœux par le Doyen de la Faculté des sciences juridiques politiques et sociales, en présence de l’ensemble de leurs collègues et du Président de l’Université, de ne pas voir appliquer dans sa composante la modulation des services des enseignants.
Dans ce cadre ils proposent le texte suivant :
Les frais de dossier du master 2 sont supprimés (décision du comité de direction élargi de l’université du lundi 8 juin).
Les groupes de travaux dirigés des parcours de licence ne peuvent dépasser 25 inscrits (conseil de faculté du 9 juin 2009)
La Faculté ouvre le chantier de la résorption de la précarité des personnels administratifs, techniques et enseignants, en particulier en mettant en place des commissions à son niveau.
La Faculté poursuit son travail sur l’égalité des services enseignants et sur les investissements pédagogiques.
Le conseil prend à sa charge le débat sur la durée des séances de travaux dirigés et sur l’encadrement pédagogique en l’inscrivant à l’ordre du jour de la prochaine session de sa commission pédagogique.
Les jurys prévus à la fin du second semestre (délibérations des premier et deuxième semestres de chacune des années d’étude) se tiennent aux dates prévues par le conseil de Faculté avec l’ensemble des notes remises auprès des présidents de jury concernés au plus tard 24 heures après l’acceptation en tant qu’accord du présent texte.
La communauté enseignante de la Faculté des sciences juridiques politiques et sociales tient à exprimer son attachement profond aux valeurs pédagogiques qui sont traditionnellement les siennes et qui fondent sa solidarité.
Le jeudi 11 juin 2009."

lundi 15 juin 2009

Fac, télé et p'tites pépées

Une bien belle analyse "filmique" de Judith Bernard: la fac vue par le 20h. Ou comment, à la moulinette de nos chers JT, les idéologies dominantes prennent le masque de l'évidence.
http://www.arretsurimages.net/TMP-A2E4CC7561-2042-4548

Et méditons cette phrase, tirée de D. Foster Wallace (2009), This is water, Little, Brown & C°, Hachette Book Group:
"learning how to think really means learning how to exercice some control
over how and what you think"

dimanche 14 juin 2009

vendredi 12 juin 2009

Communiqué du Collectif Dauphine
des enseignants-chercheurs, personnels BIATOSS et étudiants
engagés dans le mouvement contre les "réformes" de l'enseignement supérieur et de la recherche :

"Après s'être engagés pendant plus de 20 semaines dans l'un des mouvements les plus longs et les plus durs de l'histoire contre la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche, les enseignants-chercheurs, chercheurs, personnels BIATOSS et étudiants de Paris-Dauphine tiennent à exprimer leur profond désarroi et leur extrême inquiétude quant à la poursuite de ladite réforme.
Sans concertation véritable avec les instances représentatives, dans une surdité absolue et au mépris des principes pourtant affichés de " négociation " et de " participation " sociales, usant de stratagèmes qu'on ne peut que regretter dans le cadre d'une démocratie pour faire diversion et désinformer le grand public, le gouvernement entend bien faire passer ses réformes à la fois sur le statut des enseignants-chercheurs, sur le contrat doctoral unique, sur la mastérisation, sur le démantèlement des organismes de recherche et sur celui en définitive de l'université. Bien que cela soit peu connu de " l'opinion publique " et contrairement à une idée reçue qui voudrait que seules les universités les moins favorisées se soient engagées dans le mouvement, les enseignants-chercheurs de l'Université Paris-Dauphine ont largement pris part, tout au long de cette mobilisation, aux actions de protestation et ce, quels que soient leur statut et leur discipline.
Le choix a été de combiner plusieurs formes d'insertion dans le mouvement : information des étudiants et discussions dans le cadre des cours ; mise en place de cours alternatifs (dont les " Vendredis de Dauphine " avec invitations d'intervenants extérieurs analysant les effets de l'application des réformes dans d'autres pays et leurs enjeux pour la formation et la recherche), organisation de près d'une dizaine d'assemblées générales, ainsi qu'une action commune avec l'Université de Paris VIII et l'INALCO à l'occasion de la célébration des 40 ans de Dauphine. Une pétition, lancée en décembre 2008 contre le décret sur le statut des enseignants-chercheurs, a recueilli près de 175 signatures parmi les universitaires de Paris-Dauphine, dont des gestionnaires, des économistes, des juristes, des mathématiciens, des informaticiens, des sociologues, des linguistes et des politistes. Surtout, c'est près de 50 % des enseignants qui, en premier cycle et toutes matières confondues, ont retenu leurs notes d'examen du premier semestre. Ce taux est particulièrement important dans les départements Licence de Sciences des Organisations (près de 2500 étudiants) et Mathématiques et Informatique de la Décision et des Organisations (près de 1300 étudiants).
Contrairement à l'idée véhiculée par les membres du gouvernement et reprise, sans vergogne mais de manière significative, par certains organes de presse, il ne s'est nullement agi d'" enseignants irresponsables " ou de " groupes irréductibles et extrémistes ", ni même d'une minorité, mais bien au contraire d'universitaires de tous horizons soucieux de la qualité du service public d'enseignement et de recherche et fondamentalement et irréductiblement attachés aux principes d'égalité et d'excellence pour le plus grand nombre.
C'est dans le but de pouvoir exprimer la position la plus collective et visible possible que nous avons tenu une nouvelle réunion à Paris-Dauphine le 28 mai dernier, laquelle a rassemblé environ 60 personnes, enseignants-chercheurs et personnels Biatoss. Nous avons constaté les difficultés générales et locales de la mobilisation pour de multiples raisons, et estimé que, dans le contexte de la campagne de désinformation menée contre les enseignants-chercheurs et d'étiolement de la mobilisation, mettre en danger la tenue des examens du 2nd semestre n'aiderait pas à faire comprendre et même entendre notre point de vue. Les mêmes arguments ont prévalus quant à la poursuite de la rétention des notes, considérée majoritairement comme une mesure inadéquate pour l'instant.
Mais ce jugement porté sur les modalités d'actions s'est accompagné d'une appréciation optimiste de ce qui s'est aussi construit dans ce mouvement, et d'une claire volonté de continuer, sous d'autres formes, notre mobilisation.
Nous avons donc décidé tout d'abord de nous donner les moyens de faire publiquement connaître aux instances de notre université, à nos gouvernants, à nos étudiants et à la population ce qu'a été et ce qui demeure notre point de vue : nous réaffirmons donc notre opposition à la fois aux décisions iniques et particulièrement inquiétantes concernant le processus de démantèlement de la fonction publique de l'enseignement et de la recherche affectant notre statut, celui des doctorants et des personnels BIATOSS, la formation des enseignants et l'organisation de la recherche publique. Nous sommes particulièrement choqués par la façon dont les décrets et décisions sont imposés par le gouvernement à la communauté universitaire.
Nous décidons par conséquent :
- de faire signer parmi le personnel de Paris-Dauphine cette analyse et de la rendre publique ;
- sur cette base de consolider, étendre, pérenniser la mise en place d'un Collectif Dauphine, doté d'un blog, qui restera vigilant et mobilisé de façon solidaire avec l'ensemble de la communauté des étudiants, enseignants-chercheurs et personnels des universités contre ces réformes. Un tel Collectif qui a tenu sa première réunion le 9 juin, sera inclusif de toutes les personnes (individuelles, représentants syndicaux ou associatifs, ou liés à des listes d'élus...) partageant nos objectifs :
* s'inscrire au plan local, national et européen dans une réflexion et action durable en défense des services publics d'éducation et de recherche contre des politiques que la crise mondiale actuelle délégitime profondément ;
* préparer dans ce cadre des Etats-généraux de l'enseignement supérieur en organisant à Dauphine une série de rencontre-débats et autres initiatives ;
* veiller à obtenir des instances de l'université Paris Dauphine une transparence et des débats sur l'interprétation et l'application de décrets éminemment ambigus que nous restons prêts à contester.

Collectif Dauphine."

samedi 6 juin 2009

Klimt, les photons et la recherche

A lire sur LeMonde.fr. Ne manquez pas l'avant dernier paragraphe...

Cantique du quantique
LE MONDE 02.06.09 18h04
ans son bureau de l'Ecole normale supérieure (ENS), un tableau couvert de schémas et de formules bizarroïdes. Lui parle de peinture, d'opéra. Ses autres passions. Entre la science et l'art, il sent des "résonances". L'une et l'autre produisent "des choses mystérieuses". L'astronomie de Galilée est soeur des clairs-obscurs du Caravage. Profitant d'un congrès scientifique à Vienne, il vient de revoir les toiles de Schiele et de Klimt. L'"effervescence" et l'"inquiétude" qui les habitent sont les mêmes que celles qui entourent l'éclosion de la physique quantique, dans l'Europe tourmentée du début du XXe siècle.

Serge Haroche ne regarde pas la réalité avec les mêmes yeux que nous. Pour lui, une chose n'est pas blanche ou noire. Elle peut être simultanément blanche et noire. Mieux, elle ne se trouve pas ici ou là, mais peut-être à la fois ici et là. Chez lui, une porte n'est pas ouverte ou fermée. Elle peut être en même temps ouverte et fermée, aux deux extrémités de la pièce. Auprès de lui, un être n'est pas vivant ou mort. Il peut être dans le même temps vivant et mort, quelque part et ailleurs... Bienvenue dans le monde déroutant de la physique quantique !
Dans cet univers paradoxal, où les certitudes sont aléatoires et les vérités contre-intuitives, un fait reste sûr : ici et maintenant, Serge Haroche est le lauréat de la médaille d'or du CNRS, la plus prestigieuse distinction scientifique française. Retour dans le monde normal.
Cheveu noir piqué de blanc, veste sombre sur chemise claire, geste ferme et verbe fluide, le chercheur n'a pas son pareil pour vous prendre par la main et vous guider - un "passeur d'idées", disent ses collègues -, de l'un à l'autre de ces deux mondes. L'expérience est aussi radicale que le passage de l'impressionnisme au cubisme. D'un côté, les lois de la physique classique, qui décrivent la nature à notre mesure et à celle, plus grande encore, des planètes et des galaxies. De l'autre, les principes de la physique quantique, qui s'appliquent aux atomes, aux particules élémentaires et à l'infiniment petit.
A cette échelle, explique-t-il, la matière peut être en "superposition", dans plusieurs niveaux d'énergie à la fois. Et, du fait de sa double nature de corpuscule et d'onde, être localisée en différents endroits. La diablerie est que toute intervention extérieure - à commencer par une mesure scientifique - lève l'ambiguïté, en forçant la matière à adopter un état ou une position unique. C'est la "décohérence". Voilà pourquoi, dans la vie courante, où un corps est soumis à l'influence de son environnement, les états superposés sont si fugaces qu'ils sont insaisissables. En sorte qu'une chose est soit blanche soit noire, une porte tantôt ouverte et tantôt fermée, un être jamais mort-vivant.
La superposition et la "décohérence", Serge Haroche les a connues enfant. Né à Casablanca d'un père juif marocain, avocat, et d'une mère d'origine russe, enseignante, il quitte le Maroc à 12 ans, quand le pays obtient son indépendance. Sa famille préfère ses attaches avec la France, tissées par ses grands-parents, directeurs de l'Alliance française.
Reçu major à l'X, il opte, plutôt que pour une carrière de grand capitaine d'industrie ou de grand commis de l'Etat, pour la recherche, à Normale-Sup - l'ENS. Il s'intéresse aux interactions entre atomes et rayonnement : une façon de "comprendre le monde au niveau le plus fondamental, puisque toutes les informations que nous recevons de notre environnement passent par la lumière". C'est l'époque, les années 1960, où la science optique vit une révolution, où les physiciens apprennent à piéger et à manipuler la matière avec la lumière. Sa thèse portera sur "l'atome habillé", jolie formule décrivant comment une particule interagit avec les grains de lumière (les photons) qui l'entourent.
ll est à l'école des meilleurs : Alfred Kastler (Nobel de physique en 1966), Jean Brossel, Claude Cohen-Tannoudji (Nobel en 1997). Recruté au CNRS à 23 ans, il est bientôt nommé professeur à l'université Pierre-et- Marie-Curie. La physique quantique n'en est plus à ses balbutiements, la théorie est solidement établie. Ce qui est nouveau, c'est que les outils modernes permettent de la vérifier.
Les grands anciens, Einstein, Bohr et les autres, en étaient réduits à des "expériences de pensée" virtuelles. Comme celle, fameuse, de Schrödinger, où un chat est suspendu entre la vie et la mort. Serge Haroche, lui, réussit à apprivoiser atomes et photons. Il parvient à mettre en boîte une superposition quantique et à suivre en temps réel sa perte de cohérence. Puis à détecter un photon sans le détruire : un tour de force, puisqu'un grain de lumière disparaît aussitôt qu'il est vu par notre oeil ou par un capteur, qui le transforment en signal chimique ou électrique.
Son laboratoire, un caveau au sous-sol de l'ENS, a tout de l'atelier du bricoleur, bardé de tuyaux, de tubes et de cylindres enveloppés de papier aluminium. Mais il recèle un bijou de technologie. Un boîtier aux parois ultraréfléchissantes, refroidi à une température proche du zéro absolu, où un photon peut être emprisonné suffisamment longtemps - 13 centièmes de seconde, le temps de rebondir plus de 1 milliard de fois et de parcourir 40 000 km, soit la circonférence de la Terre - pour provoquer un infime décalage dans le battement (la transition entre deux niveaux d'énergie) d'atomes injectés, à la queue leu leu, dans le réceptacle. Et manifester ainsi son existence. "Un travail collectif", insiste Serge Haroche, impossible sans l'équipe constituée avec deux de ses anciens élèves, Jean-Michel Raimond et Michel Brune.
L'Electrodynamique quantique en cavité, dont il est l'un des chefs de file, pourrait déboucher sur les systèmes d'information et de cryptage de demain. Mais, à ses yeux, "la recherche ne se justifie pas par ses retombées économiques, comme le système d'attribution des crédits pousse à le faire". Il s'agit, pense-t-il, "d'une marque de culture et de civilisation, aussi noble que l'art".
Voilà pourquoi un gouvernement devrait "favoriser la recherche fondamentale". Ne pas décourager "l'enthousiasme des jeunes chercheurs" par des conditions matérielles "misérables". Et "mettre beaucoup d'argent dans la formation". Une tâche prioritaire qui, à l'heure où se développe "un inquiétant esprit antiscientifique", fait des enseignants "les dépositaires, bien plus que les banquiers, de la richesse d'un pays".
Loin de s'enfermer dans sa cavité d'ivoire, Serge Haroche possède, de l'honnête homme, "la curiosité pour ses semblables, la hauteur de vue, et l'humour", disent ses proches. Il le doit pour beaucoup, dit-il, à son épouse, anthropologue et sociologue. La superposition quantique ne manque finalement pas de cohérence.
Pierre Le Hir

jeudi 21 mai 2009

Rions jaune (suite)

Un texte fort bien tourné de P. Jourde (Grenoble-3): "manuel de destruction culturelle chapitre 1: l'université"
ou pourquoi, au fond, la culture ne sert rien.

http://bibliobs.nouvelobs.com/20090109/9827/manuel-de-destruction-culturelle-chapitre-1-luniversite
http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/pierre-jourde/20090128/10253/manuel-de-destruction-culturelle-2

Et plus ancien: (les liens de la page permettent de suivre les échanges)
http://bibliobs.nouvelobs.com/20090309/11109/lettre-ouverte-a-monsieur-jourde
Cette lettre ouverte me semble assez navrante. J'ai aussi bossé en entreprise et effectivement je préfère être là où finalement je suis. Pas parce que j'y étais nulle et inadaptée (mes chefs voulaient me garder, c'est dire!), mais parce qu'effectivement, je trouve plus de sens à mon métier actuel. Mais on a envie de retourner la question à l'auteur: "Si c'est si génial, d'être universitaire, pourquoi ne le devient-il pas?". Et cette autre, pourquoi opposer les caricatures de deux mondes, plutôt que deux versions réelles d'universités: la nôtre, où travailler devient chaque année plus dur malgré la bonne volonté de tant de collègues (entièrement d'accord avec P. Jourde sur la floppée de réformes stéiles et bureacratisantes), et celle de certains de nos collègues étrangers, pas forcément dans des facs richissimes, à qui on donne réellement les moyens de faire leur boulot (ils ne bossent pas moins, ce n'est pas ce qu'on demande, ils ne sont pas toujours payés plus, tous frais compris, et ce n'est pas ce que l'on demande non plus. Juste: à effort égal, ils ont le temps et les moyens de mieux former leurs étudiants et de publier plus, car ils n'ont pas à gérer les absurdités de notre système ni à s'adapter d'incessantes réformes ineptes). Bon, bien sûr, on peut aussi comparer avec des pays où c'est pire -- mais est-ce bien utile? Ah oui, ces bizarres universitaires coupés du monde dont parle l'auteur, ceux que je connais du moins prennent l'avion, cherchent des articles sur internet, ma^trisent fort bien la bureautique, échangent avec des collègues à l'autre bout du monde, par mail, par skype, et même, parfois, dans les diverses langues d'origine. C'est fou...

Le point en mai

Université et recherche: pourquoi nous ne cèderons pas
par des enseignants de l'Université de Strasbourg
Le Monde, Opinions 18:05/2009
Après quinze semaines de lutte, de grève et de manifestations diverses sur l'ensemble du territoire, le gouvernement reste obstinément campé sur ses positions initiales. S'il est encore trop tôt pour dresser un bilan du plus long mouvement universitaire de l'histoire récente, nous constatons que nos autorités de tutelle ont choisi l'épreuve de force plutôt que le compromis, la démagogie plutôt que la démocratie et une campagne de désinformation injurieuse plutôt que l'apaisement souhaité par tous les acteurs du conflit. Ce style de gouvernement, hélas, se généralise. Il ne manquera pas de susciter dans l'ensemble de la fonction publique et de la société des résistances à la mesure de l'incompréhensible gâchis du "modèle français" qu'il cherche à provoquer.
Le décret sur le statut des enseignants-chercheurs a été modifié à la marge, sans l'accord des représentants réels de notre communauté : coordination nationale des universités, associations et sociétés savantes, syndicats majoritaires. Le contrat doctoral impose désormais le financement privé des thèses, au détriment des étudiants sans moyens propres, de la qualité d'un travail souvent long et pénible – et plus généralement des sciences humaines, rarement sponsorisées par les entreprises. Les accords passés avec le Vatican dans le cadre supposé de l'uniformisation européenne (processus de Bologne) mettent en danger le monopole de l'Etat républicain et laïque pour la délivrance des diplômes, ouvrant la voie aux revendications d'autres institutions religieuses et communautaires. La mastérisation de la formation des instituteurs et des enseignants du secondaire sera très probablement votée en catimini cet été et donnée pour acquise à la rentrée. L'autonomie des universités, dont personne ne conteste le bien-fondé en théorie, a été accordée sans moyens supplémentaires et surtout sans aucune garantie de séparation des pouvoirs, donc d'équité.
Prétendre que l'on ne peut réformer un pays crispé sur ses supposés "avantages sociaux" relève du mensonge ou d'un mépris volontaire de ce qui a été engagé par les gouvernements précédents – fussent-ils de droite – ceci, au nom d'une "rupture" moins "tranquille" que contradictoire et idéologique. Ce qui a provoqué le soulèvement des universitaires, ce n'est pas une opposition a priori aux réformes, mais la méthode brutale, les objectifs dissimulés de démantèlement du système éducatif, la remise en cause des compétences, le dénigrement systématique d'un métier en pleine mutation, le refus de revaloriser des carrières difficiles. Nous voulons que les parents aient confiance en l'école publique, que les vocations d'enseignant naissent, que la recherche fleurisse dans notre pays. Les réformes mises en oeuvre nous apparaissent au mieux comme une régression, au pire comme une volonté délibérée de ruiner toute possibilité d'accès au savoir, toute gratuité de la connaissance et au final, toute liberté de penser et de s'exprimer.
Ces derniers jours, on annonce urbi et orbi le retour à la normale tout en stigmatisant les résistants actifs, soi-disant noyautés par des extrémistes et des gauchistes. Certaines facultés refusent les examens, d'autres engagent un blocage administratif multiforme : moins visible dans l'immédiat, il empêchera à terme le fonctionnement des établissements, à commencer par la rentrée universitaire 2009. Toutes ces initiatives, adaptées aux circonstances particulières de chaque université, sont légitimes. Si les examens ont lieu aujourd'hui à Strasbourg, ce n'est ni sur ordre de ministres ayant perdu toute crédibilité et abdiqué toute dignité, ni parce que nous avons renoncé à notre combat. Cette décision a été prise par notre communauté universitaire – enseignants, chercheurs, personnels administratifs et techniques, étudiants – pour ne pas faire le jeu du gouvernement en sacrifiant ce pour quoi nous nous battons. Nous continuons à exiger le retrait des textes incriminés et demandons une vraie concertation. Nous en avons assez de subir des attaques insensées, nous voulons réfléchir sereinement, collectivement, efficacement à l'avenir de l'université française.
Signataires :
Anne-Marie Adam, professeur des Universités, antiquités nationales, Université de Strasbourg
Laetitia Bernadet, Ater, histoire romaine, Université de Strasbourg
Loup Bernard, maître de conférences, antiquités nationales, Université de Strasbourg
Georges Bischoff, professeur des Universités, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Sandra Boehringer, maîtresse de conférences, histoire grecque, Université de Strasbourg
Nicolas Bourguinat, maître de conférences, histoire contemporaine, Université de Strasbourg
Cédric Brélaz, maître de conférences, histoire grecque, Université de Strasbourg
Thomas Brunner, professeur agrégé, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Laurence Buchholzer, maître de conférences, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Frédéric Colin, professeur des Universités, directeur de l'Institut d'égyptologie, Université de Strasbourg
Damien Coulon, maître de conférences, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Valérie Da Costa, maître de conférences, histoire de l'art contemporain, Université de Strasbourg
Dominique Dinet, professeur des Universités, histoire moderne, Université de Strasbourg
Sylvie Donnat, maître de conférences, égyptologie, Université de Strasbourg
Jean-Pascal Gay, maître de conférences, histoire moderne, Université de Strasbourg
Michel Humm, professeur des Universités, histoire ancienne, Université de Strasbourg
Jean-Marie Husser, professeur des Universités, histoire des religions, Université de Strasbourg, doyen de l'UFR des
Sciences Historiques
Isabelle Laboulais, maître de conférences, histoire moderne, Université de Strasbourg
Dominique Lenfant, Professeur des Universités, histoire grecque, Université de Strasbourg
Thomas Loué, maître de conférences, histoire économique et sociale, Université de Strasbourg
Jean-Yves Marc, professeur des Universités, archéologie romaine, Université de Strasbourg
Catherine Otten, maître de conférences, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Philippe Quenet, maître de conférences, antiquités orientales, Université de Strasbourg
Jean-Jacques Schwien, maître de conférences, archéologie médiévale, Université de Strasbourg
Alexandre Sumpf, maître de conférences, histoire contemporaine, Université de Strasbourg
Eckhard Wirbelauer, professeur des Universités, histoire ancienne, Université de Strasbourg


Débats autour de la refondation de l'Université
Le texte:
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/15/manifeste-pour-la-refondation-de-l-universite-francaise_1193631_3232.html
La réponse de V. Pécresse:
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/18/universites-valerie-pecresse-repond-a-l-appel-des-refondateurs_1194399_3232.html
La réponse à la réponse:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/19/universites-les-refondateurs-refusent-la-recuperation-politique_1195088_3224.html#xtor
Et mon avis:
Je n'adhère pas à tous les points du texte initial. En particulier, malgré les "statistiques" sans recul qu'on nous assène, je ne pense pas que l'Université soit moribonde. Ce catastrophisme très stratégique ne colle pas avec ce que je vois sur le terrain, et notamment la créativité de tous les jours, grève ou pas grève, bien souvent bridée, hélas, par la bureaucratisation croissante de notre gestion. Mais il est temps, effectivement, d'affirmer haut et fort l'Université que nous voulons.
Celle que je veux partage avec les prépas et les IUT le taux d'investissement public par étudiant. Il est honteux que l'état investisse quatre fois plus pour un étudiant de prépa ou d'iUT que pour un étudiant. Et a les moyens humains et matériels d'encadrer aussi bien les étudiants des premiers cycles. Comme en prépa ou en IUT, les étudiants doivent pouvoir appartenir pour la majeure partie de leurs temps de cours à la même classe, se connaître, pouvoir travailler ensemble. Pour avoir connu, comme élève, les trois structures, je dirais que c'est là la force des pépas et des IUT: les liens humains qu'ils créent.
Mais elle ne partage pas avec eux le type de sélection à l'entrée. Je suis contre, clairement. Et j'estime que le droit de s'inscrire dans n'importe quelle fac qui caractérise notre système doit être préservé. En revanche, il faut en tirer les conséquences: dans un DEUG de Lettres modernes, on n'encadre pas de la même manière un étudiant qui vient de passer trois ans à faire des Lettres, et un étudiant qui vient de passer trois ans à faire de la gestion ou des maths. On doit pouvoir avoir les moyens de différencier leur encadrement et leur formation, quitte à avoir un an de plus, ou des plages de formation spécifiques.
J'ai gardé de la prépa une pluridisciplinarité précieuse. Je ne suis donc pas contre. Mais elle n'a rien à voir avec celle que Mme la Ministre se targue d'introduire dans les prochaines maquettes, et qui ne ressemble franchement qu'à du saupoudrage ingérable. Construire de la vraie pluridisciplinarité demande du temps, de la réflexion, de l'expérimentation et d'eventuels réaiguillages, bref, de l'intelligence et pas juste des mots et des bidouillages de maquettes, et elle n'a pas forcément à être identique pour toutes les disciplines.
D'une manière générale, le texte de la ministre me fait bien rigoler (jaune). Elle y affiche de grands principes louables... que chacune de ses réformes contredit dans les faits, à commencer par les budgets. Et la prétendue autonomie claironnée va de pair avec la plus grande rigidité bureaucratique qu'on ait jamais connu. Je le rappelle: demander à quelqu'un d'être plus autonome, ce n'est possible que si on arrête de penser et décider pour lui, qu'on lui fait confiance jusque dans ses erreurs, et qu'on commence par écouter ce qu'il vous dit et par le prendre en compte réellement, même si c'est pour lui montrer en quoi il a éventuellement tort. On n'en a jamais été aussi loin...
Enfin, la collégialité était clairement défaillante dans nos Universités françaises. Mais la LRU n'a fait qu'aggraver les choses, en tentant de rapprocher notre mode de fonctionnement de celui d'une entreprise -- comme tout le monde le sait, une entreprise, c'est vachement collégial :-)!! Ou alors, pour lesactionnaires, peut-être ?! Mme Pécresse n'a pas l'air d'avoir compris (ou alors trop bien ?) que le même mot, 'Conseil dAdministration' par exemple, peut cacher des réalités très différentes selon le contexte où il s'applique (voir cours de sémantique lexicale, niveau 1). A nous de redonner leur sens aux mots...

lundi 13 avril 2009

D'où nous venons

A mon père, et à ses années à la Carte de la Végétation, qui m'ont vu naître.

Les observateurs éclairés des réformes en cours soulignent que ce qu'elles mettent à bas, c'est l'héritage non de 1968, comme il est de bon ton de le dire, mais du CNR (Conseil National de la Résistance) qui mit en place, à l'issue de la seconde guerre mondiale, l'architecture du système actuel d'Enseignement et de Recherche français jusqu'ici seulement "relifté" périodiquement sans que soient remises en question ses finalités ni ses valeurs. Petit retour aux sources, donc, et à son inspirateur: ce discours de Charles de Gaulle a 50 ans, une époque où nos dirigeants n'apprenaient pas exclusivement à écrire et à penser dans les écoles de commerce. D'aucuns trouvent que 50 ans, c'est vieux et ringard (v. l'inoubliable discours du 22 janvier 2009, d'un autre président de la république française -- on a peine à maintenir les majuscules). On a envie de dire: l'Histoire jugera. Mais elle n'a pas à attendre longtemps... A chaque époque la modernité dont elle se croit digne.

Discours de Charles de Gaulle,
Le 14 février 1959 à la Cité universitaire de Toulouse
Texte intégral
“Messieurs les Ministres, Monsieur le Recteur, Messieurs les Doyens, Messieurs les Professeurs, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Je vais d’abord simplement vous dire à quel point j’ai été impressionné par ce qu’il m’a été donné de voir, aujourd’hui, à Toulouse. Quand on a vu à la fois cette conjonction de la recherche fondamentale et de ceux qui s’y adonnent, de la recherche appliquée et de ceux qui la font, de l’Enseignement supérieur et de ceux qui y participent, enfin de tout ce qui est pratiquement accompli à partir de là, on reconnaît une harmonie. Or, l’harmonie, c’est, en soi, saisissant et satisfaisant. Mais on se convainc, aussi, que l’intérêt humain et l’intérêt national sont bien servis dès lors qu’il existe cette conjonction entre les travaux et entre les hommes des deux sortes de recherches ainsi que de leurs applications.
J’ai donc vu Sud-Aviation, l’École d’agriculture d’Ondes, l’Institut d’optique électronique, l’Institut de toxicité, le Service de la carte de la végétation et des cultures, le Laboratoire électrotechnique et hydraulique, ici même la Cité universitaire. C’est vous dire que je suis fixé. Au moment où je suis de ma vie, bref, dans mes dernières années, j’ai le sentiment, à l’université de Toulouse, de me trouver sur une plage, au bord d’un océan, celui qui peut vous porter, vous les chercheurs, vous les professeurs, vous les étudiants, vers les rivages de la découverte, afin de gagner, à partir de là, les terres inconnues du progrès. Partout paraît ici la manifestation du mouvement général de notre espèce. L’homme, aux prises avec l’Univers, c’est-à-dire d’abord avec lui-même, l’homme cherche, à sortir de soi, à accéder à ce monde nouveau, où les désirs restent infinis, mais où la nature cesse d’être limitée. Cet homme moderne regarde avec passion et avec admiration ce qui est découvert dans les cerveaux de quelques-uns, ce qui est réalisé dans les laboratoires, et ce qui est ensuite appliqué par les techniques modernes. Mais, en même temps, il est guidé par son démon, car la rivalité des États, la lutte des idéologies, l’ambition de dominer, ou bien l’esprit d’indépendance, érigent, au fur et à mesure, en armes de guerre, les moyens nouveaux destinés à améliorer la vie. Éternel combat de l’Archange et de Lucifer. Voilà pourquoi il est indispensable que, concurremment à la formation scientifique et technique, la pensée pure, la philosophie qui l’exprime, les lettres qui la font valoir, les arts qui l’illustrent et aussi la morale qui procède de la conscience et de la raison inspirent et orientent cet immense effort d’évolution. Ce n’est pas à la faculté des sciences de Toulouse, entouré comme je le suis par les maîtres et les étudiants de diverses facultés, que j’ai à démontrer pourquoi l’éveil et le développement de l’esprit, par la connaissance de ce qui est beau et par le culte de ce qui est bon, doivent s’associer à la formation scientifique de nos jours. Eh bien ! La France, qui a, dans le domaine de la Recherche, tant de traditions et tant de capacités profondes, qui se trouve en plein essor de rajeunissement, qui doit absolument choisir entre le déclin ou bien l’enthousiasme pour ce qui est moderne, la France, dis-je, accueille cette transformation avec espoir et satisfaction. Mais une pareille construction comporte plusieurs étages. À la base, il faut qu’une large partie de la jeunesse française vienne à l’Enseignement scientifique et que les étudiants travaillent bien. Plus haut ce sont les Maîtres, dont il faut qu’ils soient en nombre suffisant et qu’ils aient les moyens voulus pour accomplir leur grande tâche. Plus haut, encore, les Chercheurs, à qui il faut l’équipement spécial nécessaire à leurs travaux et l’art de ne point cloisonner les pensées et les résultats. Au sommet, enfin, l’État ! L’État qui a le devoir d’entretenir dans la nation un climat favorable à la Recherche et à l’Enseignement; l’État, qui, malgré le flot des besoins et le flot des dépenses, a la fonction de doter les laboratoires et de pourvoir l’enseignement. L’État, enfin, qui doit orienter l’ensemble, tout en laissant à chacun des chercheurs sa direction et son autonomie. C’est à l’État qu’il appartient de déterminer, dans le domaine de la Recherche, ce qui est le plus utile à l’intérêt public et d’affecter à ces objectifs-là ce dont il dispose en fait de moyens et en fait d’hommes. Eh bien ! La France, qui a beaucoup à faire à cet égard, constate que beaucoup a été fait et que beaucoup se fait. J’ai nommé tout à l’heure les témoignages que m’a offerts Toulouse. J’y pourrais ajouter ce qui a été récemment accompli du côté des pouvoirs publics pour organiser au mieux ou créer ce qui devait l’être. Le Conseil supérieur de la recherche scientifique a vu sa tâche précisée. Ont été institués : le Délégué général à la recherche scientifique et technique, le Comité consultatif de la recherche, formé de savants et de chercheurs, et le Comité interministériel qui appelle les ministres et les savants à collaborer directement. Quoi que l’on fasse cependant, tout peut dépendre, tout à coup, de l’éclair imprévu et imprévisible qui jaillit parfois d’un cerveau. Il n’y a aucune raison pour que la France n’enfante pas demain, comme elle l’a fait hier, de ces hommes exceptionnels. Peut-être est-il parmi vous celui-là qui est appelé à accomplir une découverte merveilleuse. Celui-là, je le salue d’avance, et je salue sa gloire future. Mais aussi, par-delà l’université de Toulouse, je salue l’Enseignement français, les chercheurs, les maîtres, les étudiants. En même temps, je leur rends témoignage parce qu’ils servent celui qu’il faut servir, c’est-à-dire l’homme, tout simplement. Oui ! Rien n’est meilleur que d’alléger le fardeau des hommes. Rien n’est plus noble et plus grand que de lui offrir de l’espoir.”
La Revue pour l’histoire du CNRS, paru dans le N°1 - Novembre 1999> http://histoire-cnrs.revues.org/document484.html?format=print

mercredi 1 avril 2009

mardi 24 mars 2009

Le Loup et le Chien

Les professeurs, « Le Loup et Le Chien »
Article paru dans l'édition du Monde du 19.03.09
Du bon usage des « Fables » de La Fontaine

Ceux qui vivent dans d'autres univers sont étonnés par la révolte des professeurs d'université. Pourquoi une telle réaction face à une tentative de réforme qui n'a pour objet que de répandre dans le monde universitaire des manières de faire - l'appel à la concurrence, l'évaluation systématique, la récompense du mérite - dont la vertu est largement reconnue ailleurs ?Pourquoi quelques propos du chef de l'Etat, certes malheureux mais qui ne vont pas au-delà des excès de langage dont il est coutumier, ont-ils suscité un rejet aussi passionné ? La fable Le Loup et Le Chien nous éclaire. Le loup mène une vie misérable. Mais il est libre. « Flatter ceux du logis, à son maître complaire » ne font pas partie de ses obligations. Nulle trace de collier sur sa nuque. Le chien est prospère, mais soumis. Le loup envie le chien à bien des égards, mais n'est pas prêt à payer le prix qu'exige l'accès à sa condition. Les professeurs lui ressemblent.La situation matérielle des professeurs d'université est pitoyable. Même à l'aune des standards de la haute fonction publique (ne parlons pas des entreprises), leur feuille de paie, primes comprises, paraît ridicule. Pas question pour eux de bureau décent, de voiture de fonction ou de secrétaire. Ils volent en classe économique.Mais ils sont libres. Ils conçoivent leurs cours comme ils l'entendent, font les recherches qu'ils trouvent bon de faire. Et si quelques-uns (plutôt parmi les chercheurs) ne font pas grand-chose, le fait même qu'ils ne soient pas sanctionnés est la preuve que ceux qui, en grande majorité, travaillent dur, le font de leur plein gré, sans que rien les y contraigne.Les évaluations ne manquent pas, mais les procédures mises en oeuvre font plus appel à l'estime des pairs, qu'il est honorable de rechercher, qu'à une forme d'esprit de cour. De plus, ce que l'on gagne à être bien évalué est tellement minime que celui qui n'en a cure n'en voit pas son existence significativement troublée.C'est à cette condition que s'attaque la réforme du statut des universitaires. Il s'agit pour l'essentiel de laisser au loup la condition matérielle qui est la sienne tout en voulant lui imposer la forme de servitude qui est l'apanage du chien. Si la réforme passe, même amendée à la marge, il va y avoir beaucoup à gagner, à quémander, auprès des petits potentats que vont devenir les présidents d'université.L'estime des pairs va devenir moins importante, quand il s'agit d'être jugé, que la diligence avec laquelle on se soumet à des critères (nombre de publications, nombre de fois où l'on est cité) qui favorisent celui qui bêle avec le troupeau par rapport à celui qui pense librement.Pourquoi les princes qui nous gouvernent et leur entourage ne sentent-ils rien de cela et se font-ils tellement tirer l'oreille pour revoir leur copie ? Peut-être l'esprit de cour est-il tellement devenu chez eux une seconde nature qu'ils ont du mal à comprendre que certains ont fait d'autres choix.
Philippe d'Iribarne

samedi 21 mars 2009

Les Riches Heures de l'Université

Quelques images de la fac de Lettres de Aix:
http://www.youtube.com/watch?v=JtuvPn8rR-o

Et de la fac de Sciences de Toulouse3-Rangueil:
http://picasaweb.google.com/photoups/ConcoursPhotoUPS##
(Ce qui console, c'est que Pierre Curie avait son labo sous un escalier, et qu'après son prix Nobel, ce grand pays adorateur de Sciences et de Culture lui a offert une chaire "d'excellence"... mais pas de labo. Comme quoi, dans les facs, on n'a ni pétrole, ni grand chose d'autre, mais il nous arrive quand même d'avoir des idées...).

Finalement, au Mirail, depuis qu'on a refait l'étanchéité des toits, la bibliothèque, et quelques travaux, on n'est pas si mal. Reste plus qu'à avoir: du chauffage l'hiver, des toilettes fréquentables, des budgets pour commander des livres à la (belle) bibliothèque, des fournitures, des ordinateurs, des bureaux, des effaceurs pour les tableaux, doubler le personnel administratifs, des salles à la place des algécos, du papier et la possibilité de photocopier après le mois de février, des maquettes et des réformes intelligentes, et ce sera le luxe!
Ah, oui, et apprendre à compter comme un ministre: d'après la ministre, il paraît que cette année les facs ont reçu un budget en forte hausse, et depuis, tous les CA des universités de France refont les calculs pour trouver où ils ont bien pu faire une erreur de retenue...

Audition du président de SLU à l'Assemblée

Un point de vue important sur la situation en cours:
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/03/les-partis-de-g.html

Et lien avec le site de Mediapart, site de presse indépendant, malheureusement payant mais quelques documents sont accessibles pendant un temps limité, dont, pour l'instant, la video du lancer de chaussures sur le Ministère de la Recherche:
http://www.mediapart.fr/club/edition/les-dossiers-de-mediapart/article/170309/la-colere-des-universites

dimanche 15 mars 2009

Grève à Paris en images

Sur ce type, de nombreuses videos: j'aime beaucoup la première et la troisième...
http://sorbonneengreve.revolublog.com/article-74902-videos.html?page=1

Alors, les toulousains, on rivalise quand d'imagination avec sorbonnards ?!

jeudi 5 mars 2009

Pour une vraie réforme...

Pour une vraie réforme de notre système d'enseignement supérieur et de recherche
par A. Trautmann, G. Debrégeas et D. Chatenay

http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?page=imprimer&id_article=2591

La lutte s'étend!

Lien des motions votées par des universités et autres:
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2304

Liste des labos CNRS et Inserm en lutte
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2304

mercredi 25 février 2009

Evaluation de N. Sarkozy

Clair, et en prime une synthèse très bien faite en cliquant, dans le texte, sur "commentaire de document historique" (dans une forme qui illustre la démarche des historiens commentant un document):
http://evaluation.hypotheses.org/354

Evaluation de Valérie Pécresse

Là, interview de V. Pécresse sur France Inter le 24/02/09:
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/index.php?id=76858


Ici, des chercheurs évaluent l'intervention de V. Pécresse sur France Inter:
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/02/valrie-pcress-2.html

lundi 23 février 2009

Petite leçon de cynisme politique

Universités: un appauvrissement programmé

Extraits du cahier 13 de l'OCDE** (1996): La Faisabilité politique de l'ajustement, par Christian Morrisson (pour le texte intégral, voir: http://www.oecd.org/dataoecd/24/23/1919068.pdf )

Etape 1:
" La réduction des salaires et de l’emploi dans l’administration et dans les entreprises parapubliques figure, habituellement, parmi les principales mesures des programmes de stabilisation. En principe, elle est moins dangereuse politiquement que la hausse des prix à la consommation : elle suscite des grèves plutôt que des manifestations [...] " (p. 29)
"Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population. " (p. 30, c'est moi qui souligne)

Mes commentaires: en clair, le programme appliqué par les gouvernements successifs depuis le milieu des années 1990 (voir l'article "le budget de la recherche et de l'enseignement supérieur expliqué à Sarkozy", dans un message précédent). Quant à la dernière phrase, toute ressemblance avec la loi LRU votée l'an dernier et dont vient de sortir un décret d'application est bien entendu fortuite...


Etape 2
"Si un gouvernement arrive au pouvoir au moment où les déséquilibres macro-économiques se développent, il bénéficie d’une courte périoded’ouverture (quatre à six mois), pendant laquelle l’opinion publique le soutient [...] . Grâce à ce soutien, les corporatismes sont temporairement affaiblis et il peut dresser l’opinion contre ses adversaires. Après ce délai de grâce, c’est fini : le nouveau gouvernement doit assumer en totalité les coûts politiques de l’ajustement, car il est considéré comme le seul responsable de la situation. Il a donc intérêt à appliquer sur-le-champ un programme de stabilisation, tout en reportant la responsabilité des difficultés sur ses adversaires. Cela suppose une bonne stratégie de communication, cette stratégie étant une arme importante dans le combat politique. Il faut dès l’arrivée au pouvoir insister, voire en exagérant, sur la gravité des déséquilibres, souligner les responsabilités des prédécesseurs et le rôle des facteurs exogènes défavorables, au lieu detenir un discours optimiste et de reporter l’heure de vérité." (p. 24)

Mon commentaire : revoir le discours de Sarkozy sur la recherche et l'innovation : http://www.youtube.com/watch?v=iyBXfmrVhrk

Etape 3:
" En revanche, dès que le programme de stabilisation a été appliqué, le gouvernement peut tenir un discours plus optimiste pour rétablir la confiance (un facteur positif pour la reprise), tout en s’imputant le mérite des premiers bénéfices de l’ajustement. Il est souhaitable, par ailleurs, que le gouvernement suscite rapidement une coalition d’intérêts qui fasse contrepoids à l’opposition. C’est le complément indispensable à sa stratégie de communication et le seul moyen des’assurer un soutien durable. L’ajustement apporte des gains aux agriculteurs, aux chefs d’entreprise et aux travailleurs des industries exportatrices. Un volet social bien défini peut bénéficier à certains ménages pauvres en ville. Par ailleurs, si l’on réduit les salaires des fonctionnaires, des secteurs stratégiques (l’armée ou la police, parexemple) peuvent être exemptés."

Mon commentaire: bon, cela concerne uniquement les coupes budgétaires (sur le contexte général, voir le discours de Sarkozy l'autre soir à la télé, par ex. les réductions d'impôts pour la 1ère tranche d'imposition) . Mais on doit pouvoir étendre: V. Pécresse se targue d'avoir créé des postes dans l'enseignement supérieur ("une quizaine à Lille 2" , en en retirant à des universités "surdotées". Comme la nôtre, donc, (-6 postes cette année), qui était considérée comme une des plus sous-dotées de France... jusqu'à ce que les critères 2008 de calcul de ce ministère la rendent ... miraculeusement "surdotée"! Grâce à nous, donc, tout va mieux... (Pour écouter V. Pécresse aller sur la page suivante puis cliquez sur "Ecouter": http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/fiche.php?diffusion_id=70992&pg=avenir )

Etape 4
"En principe, le risque de grève est moins dangereux. Il concerne uniquement les salariés du secteur moderne, qui ne font pas partie des classes les plus pauvres. Les grèves ne remettent pas en question le régime, comme c’est le cas lorsque les manifestations tournent à l’émeute et débordent les forcesde l’ordre. C’est ce qui explique d’ailleurs l’absence de relation statistique entre grève et répression. Le gouvernement peut toujours y mettre fin en faisant des concessions. Toutefois, les grèves comportent uninconvénient sérieux, celui de favoriser les manifestations. Par définition les grévistes ont le temps de manifester. Surtout, les enseignants du secondaire et du supérieur, en faisant grève, libèrent une masse incontrôlable de lycéens et d’étudiants pour les manifestations, un phénomène très dangereux, car dans ce cas la répression peut conduire facilement au drame." (p. 26)
" La grève des enseignants n’est pas, en tant que telle, une gêne pour le gouvernement mais elle est indirectement dangereuse, comme on l’a noté, puisqu’elle libère la jeunesse pour manifester. Ces grèves peuvent donc devenir des épreuves de force difficiles à gérer. Certes, le gouvernement peut toujours rétablir le calme en annulant les mesures qui ont déclenché la grève mais, ce faisant, il renonce à réduire le déficit budgétaire." (p. 29)
Mon commentaire: ....


**Organisation de Coopération de de Developpement Economique:
"L’OCDE regroupe les gouvernements de 30 paysattachés aux principes de la démocratie et del’économie de marché en vue de :
Soutenir une croissance économique durable
Développer l’emploi
Elever le niveau de vie
Maintenir la stabilité financière
Aider les autres pays à développer leur économie
Contribuer à la croissance du commerce mondial"

(http://www.oecd.org/pages/0,3417,fr_36734052_36734103_1_1_1_1_1,00.html)

A quoi servent les humanités ?

Texte de G. Molinié, président de l'Université Paris-IV La Sorbonne, qui donne son opinion sur la réforme

http://www.humanite.fr/popup_imprimer.html?id_article=2737938

jeudi 19 février 2009

Modèle américain ? Chiche!

Obama vs Sarkozy
http://www.youtube.com/watch?v=6Ttl0t4zmj4

Le "modèle américain"? Une comparaison utile
http://www.laviedesidees.fr/Pour-des-universites-plus-justes.html

Et toujours:

American higher education in 2007 is in a state of paradox – at once celebrated and assailed. A host of popular writings from the 1980s on have charged universities with teaching too little, costing too much, coddling professors and neglecting students, embracing an "illiberalism" that has silenced open debate. A PBS special in 2005 described a "sea of mediocrity" that "places this nation at risk." […]
But American anxiety about higher education is about more than just cost. The deeper problem is a widespread lack of understanding and agreement about what universities ought to do and be. Universities are curious institutions with varied purposes that they have neither clearly articulated nor adequately justified. Resulting public confusion, at a time when higher education has come to seem an indispensable social resource, has produced a torrent of demands for greater "accountability" from colleges and universities.
Universities are indeed accountable. But we in higher education need to seize the initiative in defining what we are accountable for. We are asked to report graduation rates, graduate school admission statistics, scores on standardized tests intended to assess the "value added" of years in college, research dollars, numbers of faculty publications. But such measures cannot themselves capture the achievements, let alone the aspirations of universities. Many of these metrics are important to know, and they shed light on particular parts of our undertaking. But our purposes are far more ambitious and our accountability thus far more difficult to explain.
Let me venture a definition. The essence of a university is that it is uniquely accountable to the past and to the future – not simply or even primarily to the present. A university is not about results in the next quarter; it is not even about who a student has become by graduation. It is about learning that molds a lifetime, learning that transmits the heritage of millennia; learning that shapes the future. A university looks both backwards and forwards in ways that must – that even ought to – conflict with a public’s immediate concerns or demands. Universities make commitments to the timeless, and these investments have yields we cannot predict and often cannot measure. […]. We are uncomfortable with efforts to justify these endeavors by defining them as instrumental, as measurably useful to particular contemporary needs. Instead we pursue them in part "for their own sake," because they define what has over centuries made us human, not because they can enhance our global competitiveness.
We pursue them because they offer us as individuals and as societies a depth and breadth of vision we cannot find in the inevitably myopic present. We pursue them too because just as we need food and shelter to survive, just as we need jobs and seek education to better our lot, so too we as human beings search for meaning. We strive to understand who we are, where we came from, where we are going and why. For many people, the four years of undergraduate life offer the only interlude permitted for unfettered exploration of such fundamental questions. But the search for meaning is a never-ending quest that is always interpreting, always interrupting and redefining the status quo, always looking, never content with what is found. An answer simply yields the next question. This is in fact true of all learning, of the natural and social sciences as well as the humanities, and thus of the very core of what universities are about.
By their nature, universities nurture a culture of restlessness and even unruliness. This lies at the heart of their accountability to the future. Education, research, teaching are always about change – transforming individuals as they learn, transforming the world as our inquiries alter our understanding of it, transforming societies as we see our knowledge translated into policies […]
. Higher education is burgeoning around the globe in forms that are at once like and unlike our own. American universities are widely emulated, but our imitators often display limited appreciation for the principles of free inquiry and the culture of creative unruliness that defines us.
The "Veritas" in Harvard’s shield was originally intended to invoke the absolutes of divine revelation, the unassailable verities of Puritan religion. We understand it quite differently now. Truth is an aspiration, not a possession. Yet in this we – and all universities defined by the spirit of debate and free inquiry – challenge and even threaten those who would embrace unquestioned certainties. […]
Extrait du discours inaugural de D. Faust, Présidente de Harvard, 12 octobre 2007 (version complète : http://www.president.harvard.edu/speeches/faust/071012_installation.php). Harvard, faut-il le rappeler, détient le premier rang du classement de Shanhgaï : http://fr.wikipedia.org/wiki/Classement_de_Shangai )