mercredi 25 février 2009

Evaluation de N. Sarkozy

Clair, et en prime une synthèse très bien faite en cliquant, dans le texte, sur "commentaire de document historique" (dans une forme qui illustre la démarche des historiens commentant un document):
http://evaluation.hypotheses.org/354

Evaluation de Valérie Pécresse

Là, interview de V. Pécresse sur France Inter le 24/02/09:
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/index.php?id=76858


Ici, des chercheurs évaluent l'intervention de V. Pécresse sur France Inter:
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/02/valrie-pcress-2.html

lundi 23 février 2009

Petite leçon de cynisme politique

Universités: un appauvrissement programmé

Extraits du cahier 13 de l'OCDE** (1996): La Faisabilité politique de l'ajustement, par Christian Morrisson (pour le texte intégral, voir: http://www.oecd.org/dataoecd/24/23/1919068.pdf )

Etape 1:
" La réduction des salaires et de l’emploi dans l’administration et dans les entreprises parapubliques figure, habituellement, parmi les principales mesures des programmes de stabilisation. En principe, elle est moins dangereuse politiquement que la hausse des prix à la consommation : elle suscite des grèves plutôt que des manifestations [...] " (p. 29)
"Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population. " (p. 30, c'est moi qui souligne)

Mes commentaires: en clair, le programme appliqué par les gouvernements successifs depuis le milieu des années 1990 (voir l'article "le budget de la recherche et de l'enseignement supérieur expliqué à Sarkozy", dans un message précédent). Quant à la dernière phrase, toute ressemblance avec la loi LRU votée l'an dernier et dont vient de sortir un décret d'application est bien entendu fortuite...


Etape 2
"Si un gouvernement arrive au pouvoir au moment où les déséquilibres macro-économiques se développent, il bénéficie d’une courte périoded’ouverture (quatre à six mois), pendant laquelle l’opinion publique le soutient [...] . Grâce à ce soutien, les corporatismes sont temporairement affaiblis et il peut dresser l’opinion contre ses adversaires. Après ce délai de grâce, c’est fini : le nouveau gouvernement doit assumer en totalité les coûts politiques de l’ajustement, car il est considéré comme le seul responsable de la situation. Il a donc intérêt à appliquer sur-le-champ un programme de stabilisation, tout en reportant la responsabilité des difficultés sur ses adversaires. Cela suppose une bonne stratégie de communication, cette stratégie étant une arme importante dans le combat politique. Il faut dès l’arrivée au pouvoir insister, voire en exagérant, sur la gravité des déséquilibres, souligner les responsabilités des prédécesseurs et le rôle des facteurs exogènes défavorables, au lieu detenir un discours optimiste et de reporter l’heure de vérité." (p. 24)

Mon commentaire : revoir le discours de Sarkozy sur la recherche et l'innovation : http://www.youtube.com/watch?v=iyBXfmrVhrk

Etape 3:
" En revanche, dès que le programme de stabilisation a été appliqué, le gouvernement peut tenir un discours plus optimiste pour rétablir la confiance (un facteur positif pour la reprise), tout en s’imputant le mérite des premiers bénéfices de l’ajustement. Il est souhaitable, par ailleurs, que le gouvernement suscite rapidement une coalition d’intérêts qui fasse contrepoids à l’opposition. C’est le complément indispensable à sa stratégie de communication et le seul moyen des’assurer un soutien durable. L’ajustement apporte des gains aux agriculteurs, aux chefs d’entreprise et aux travailleurs des industries exportatrices. Un volet social bien défini peut bénéficier à certains ménages pauvres en ville. Par ailleurs, si l’on réduit les salaires des fonctionnaires, des secteurs stratégiques (l’armée ou la police, parexemple) peuvent être exemptés."

Mon commentaire: bon, cela concerne uniquement les coupes budgétaires (sur le contexte général, voir le discours de Sarkozy l'autre soir à la télé, par ex. les réductions d'impôts pour la 1ère tranche d'imposition) . Mais on doit pouvoir étendre: V. Pécresse se targue d'avoir créé des postes dans l'enseignement supérieur ("une quizaine à Lille 2" , en en retirant à des universités "surdotées". Comme la nôtre, donc, (-6 postes cette année), qui était considérée comme une des plus sous-dotées de France... jusqu'à ce que les critères 2008 de calcul de ce ministère la rendent ... miraculeusement "surdotée"! Grâce à nous, donc, tout va mieux... (Pour écouter V. Pécresse aller sur la page suivante puis cliquez sur "Ecouter": http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/fiche.php?diffusion_id=70992&pg=avenir )

Etape 4
"En principe, le risque de grève est moins dangereux. Il concerne uniquement les salariés du secteur moderne, qui ne font pas partie des classes les plus pauvres. Les grèves ne remettent pas en question le régime, comme c’est le cas lorsque les manifestations tournent à l’émeute et débordent les forcesde l’ordre. C’est ce qui explique d’ailleurs l’absence de relation statistique entre grève et répression. Le gouvernement peut toujours y mettre fin en faisant des concessions. Toutefois, les grèves comportent uninconvénient sérieux, celui de favoriser les manifestations. Par définition les grévistes ont le temps de manifester. Surtout, les enseignants du secondaire et du supérieur, en faisant grève, libèrent une masse incontrôlable de lycéens et d’étudiants pour les manifestations, un phénomène très dangereux, car dans ce cas la répression peut conduire facilement au drame." (p. 26)
" La grève des enseignants n’est pas, en tant que telle, une gêne pour le gouvernement mais elle est indirectement dangereuse, comme on l’a noté, puisqu’elle libère la jeunesse pour manifester. Ces grèves peuvent donc devenir des épreuves de force difficiles à gérer. Certes, le gouvernement peut toujours rétablir le calme en annulant les mesures qui ont déclenché la grève mais, ce faisant, il renonce à réduire le déficit budgétaire." (p. 29)
Mon commentaire: ....


**Organisation de Coopération de de Developpement Economique:
"L’OCDE regroupe les gouvernements de 30 paysattachés aux principes de la démocratie et del’économie de marché en vue de :
Soutenir une croissance économique durable
Développer l’emploi
Elever le niveau de vie
Maintenir la stabilité financière
Aider les autres pays à développer leur économie
Contribuer à la croissance du commerce mondial"

(http://www.oecd.org/pages/0,3417,fr_36734052_36734103_1_1_1_1_1,00.html)

A quoi servent les humanités ?

Texte de G. Molinié, président de l'Université Paris-IV La Sorbonne, qui donne son opinion sur la réforme

http://www.humanite.fr/popup_imprimer.html?id_article=2737938

jeudi 19 février 2009

Modèle américain ? Chiche!

Obama vs Sarkozy
http://www.youtube.com/watch?v=6Ttl0t4zmj4

Le "modèle américain"? Une comparaison utile
http://www.laviedesidees.fr/Pour-des-universites-plus-justes.html

Et toujours:

American higher education in 2007 is in a state of paradox – at once celebrated and assailed. A host of popular writings from the 1980s on have charged universities with teaching too little, costing too much, coddling professors and neglecting students, embracing an "illiberalism" that has silenced open debate. A PBS special in 2005 described a "sea of mediocrity" that "places this nation at risk." […]
But American anxiety about higher education is about more than just cost. The deeper problem is a widespread lack of understanding and agreement about what universities ought to do and be. Universities are curious institutions with varied purposes that they have neither clearly articulated nor adequately justified. Resulting public confusion, at a time when higher education has come to seem an indispensable social resource, has produced a torrent of demands for greater "accountability" from colleges and universities.
Universities are indeed accountable. But we in higher education need to seize the initiative in defining what we are accountable for. We are asked to report graduation rates, graduate school admission statistics, scores on standardized tests intended to assess the "value added" of years in college, research dollars, numbers of faculty publications. But such measures cannot themselves capture the achievements, let alone the aspirations of universities. Many of these metrics are important to know, and they shed light on particular parts of our undertaking. But our purposes are far more ambitious and our accountability thus far more difficult to explain.
Let me venture a definition. The essence of a university is that it is uniquely accountable to the past and to the future – not simply or even primarily to the present. A university is not about results in the next quarter; it is not even about who a student has become by graduation. It is about learning that molds a lifetime, learning that transmits the heritage of millennia; learning that shapes the future. A university looks both backwards and forwards in ways that must – that even ought to – conflict with a public’s immediate concerns or demands. Universities make commitments to the timeless, and these investments have yields we cannot predict and often cannot measure. […]. We are uncomfortable with efforts to justify these endeavors by defining them as instrumental, as measurably useful to particular contemporary needs. Instead we pursue them in part "for their own sake," because they define what has over centuries made us human, not because they can enhance our global competitiveness.
We pursue them because they offer us as individuals and as societies a depth and breadth of vision we cannot find in the inevitably myopic present. We pursue them too because just as we need food and shelter to survive, just as we need jobs and seek education to better our lot, so too we as human beings search for meaning. We strive to understand who we are, where we came from, where we are going and why. For many people, the four years of undergraduate life offer the only interlude permitted for unfettered exploration of such fundamental questions. But the search for meaning is a never-ending quest that is always interpreting, always interrupting and redefining the status quo, always looking, never content with what is found. An answer simply yields the next question. This is in fact true of all learning, of the natural and social sciences as well as the humanities, and thus of the very core of what universities are about.
By their nature, universities nurture a culture of restlessness and even unruliness. This lies at the heart of their accountability to the future. Education, research, teaching are always about change – transforming individuals as they learn, transforming the world as our inquiries alter our understanding of it, transforming societies as we see our knowledge translated into policies […]
. Higher education is burgeoning around the globe in forms that are at once like and unlike our own. American universities are widely emulated, but our imitators often display limited appreciation for the principles of free inquiry and the culture of creative unruliness that defines us.
The "Veritas" in Harvard’s shield was originally intended to invoke the absolutes of divine revelation, the unassailable verities of Puritan religion. We understand it quite differently now. Truth is an aspiration, not a possession. Yet in this we – and all universities defined by the spirit of debate and free inquiry – challenge and even threaten those who would embrace unquestioned certainties. […]
Extrait du discours inaugural de D. Faust, Présidente de Harvard, 12 octobre 2007 (version complète : http://www.president.harvard.edu/speeches/faust/071012_installation.php). Harvard, faut-il le rappeler, détient le premier rang du classement de Shanhgaï : http://fr.wikipedia.org/wiki/Classement_de_Shangai )

mercredi 11 février 2009

le discours et la méthode

Je ne suis pas franchement une fan du Monde Diplomatique, que je trouve souvent peu nuancé, et dont certaines analyses me font bondir au plafond, ni de Daniel Mermet (en gros, quand leur critique du capitalisme justifie à peu près tout et n'importe quoi). Mais là, ce texte de 2003, retranscription d'une interview d'Halimi par Mermet, me semble d'une telle justesse, d'une telle lucidité, quand on l'applique a posteriori à la "crise" de l'Université et de la Recherche, et à son traitement par le gouvernement et par les media, que voici le lien:
http://daniel.calin.free.fr/serge_halimi.html

vendredi 6 février 2009

Sarkozy & Research, commented (English version)

Why are our Universities on strike ?
See websites (in French) in my previous post, and take a glimpse at Sarkozy's discourse on French Research, commented -- believe me, it's worth it !

http://www.youtube.com/watch?v=yjR-veW02Lo

Grève Enseignants Chercheurs

Face aux réformes en cours de l'enseignement et de la recherche, un mouvement massif de grèves, sous des formes diverses, gagne les universités et organismes de recherche. Il s'agit de réagir contre ces réformes, qui sont l'aboutissement d'une vision idéologique inepte de l'enseignement et de la recherche se développant depuis une quinzaine d'années, plus particulièrement en France mais également en Europe.
Une bonne synthèse des problèmes, claire et accessible, dans le document intitulé "Pourquoi?" sur ce site:

Pour des discussions et des présentations plus détaillées, voir les sites de Sauvons la Recherche (SLR) et Sauvons l'Université (SLU):
http://www.sauvonslarecherche.fr/
http://www.sauvonsluniversite.com/

Depuis au moins dix ans, pour compenser la dégradation des budgets et des conditions de formation de nos étudiants et de recherche, et la diminution constante des personnels administratifs, nous prenons sur nos propres forces, notre temps de sommeil, et nos propres salaires (ex: sur 4 conférences données l'an dernier à Paris ou à l'étranger, mon équipe Fac/CNRS, aux budgets de plus en plus dérisoires, n'a pu m'en financer que 3. J'ai payé les autres déplacements de ma poche. Dans quel autre métier cela serait-il tenu pour acceptable? Je finance également en partie mon outil de travail: je m'achète les livres que ma bibliothèque, au budget misérable, ne peut commander; l'an dernier, j'ai même fait, en ville, les photocopies que je distribue à mes étudiants, car le budget de mon département était à sec...). Aujourd'hui nous sommes fatigués. Le gouvernement nous fait passer pour des incapables au niveau international, alors que nous compensons la misère et la dureté de nos conditions de travail par notre enthousiasme, notre travail incessant et notre passion, pour publier à un niveau honorable malgré tout. On nous dit incapables d'évolution, de remise en question: nous nous adaptons en permanence (une réforme majeure de notre système tous les un à deux ans, dont nous assurons nous-même la mise en place puisque les universités sont "auto-gérées", dans des délais ubuesques), et le COEUR même de notre travail EST la remise en question et l'évolution!!!!
Je n'ai pas fait deux ans de suite exactement le même cours: je cherche sans arrêt à l'améliorer, à y intégrer des avancées de la recherche, à le rendre plus clair, plus adapté aux besoins des étudiants sans concilier sur la qualité. Et qu'est-ce que chercher, sinon remettre en question, dépasser les apparences, douter, tenter de vérifier, changer d'angle de vue en permanence, ne rien tenir pour totalement acquis ?
Ceux qui voient dans ce mouvement un moment d'agitation manipulé par des extrêmistes se trompent: c'est un mouvement politique au sens noble, un sursaut des valeurs qui fondent notre métier et notre communauté, par delà ses divergences parfois profondes.

jeudi 5 février 2009

Gainsbourg

Quelques classiques
pour le plaisir....

Le Poinçonneur des Lilas http://www.youtube.com/watch?v=HsX4M-by5OY
69 Année Erotique http://www.youtube.com/watch?v=-OP6iZWf8lM
Initials BB http://www.youtube.com/watch?v=NuZklVrHspM
La Javanaise http://www.youtube.com/watch?v=PH446iuE8V0
Brigitte Bardot en Harley Davidson http://www.dailymotion.com/video/x1n3ls_harley-davidson_music

Pas de doute, tout ceci est beaucoup plus réjouissant que les âneries et la propagande de notre président sur la recherche en France...:
http://www.youtube.com/watch?v=iyBXfmrVhrk
(English version: http://www.youtube.com/watch?v=yjR-veW02Lo )