samedi 20 février 2010

Barbara à jamais

Barbara ne reviendra plus, mais pour moi, elle n'est jamais vraiment partie...


samedi 13 février 2010

Le petit Timonier et son Ministre

"L'oeuvre de l'artiste chinoise Ko Siu Lan détournant un slogan du candidat Nicolas Sarkozy a été raccrochée samedi sur la façade de l'Ecole des beaux-arts de Paris, sur ordre du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. "
Tiré de:

http://actualite.aol.fr/les-bannieres-de-lartiste-chinoise-flottent/article/2010021313050056416554

vendredi 12 février 2010

Moi Grand Timonier Français ?

Trouvé sur Télérama.com
(scandale: je copie ! un lien ne serait pas assez parlant)

Une artiste chinoise censurée… à Paris
LE FIL ARTS ET SCèNES - En France, il est interdit d’accrocher les mots “travailler”, “gagner” “plus” et “moins”, sur une façade. Comme a pu le constater, effarée, une jeune artiste chinoise, Siu Lan Ko, censurée alors qu’elle exposait ses slogans sur l’immeuble de l’école des Beaux-Arts, à Paris. C’est une blague ? Non.

C'est ironique, quand on est un artiste chinois, d'être censuré en France pour subversion politique. Critiquer Hu Jintao à Pékin, c'est possible.** Mais Nicolas Sarkozy à Paris, ça non, c'est interdit. L'artiste Siu Lan Ko, 33 ans, en a fait les frais hier matin. Son installation a été décrochée en toute hâte de la façade des Beaux-Arts de Paris à la demande de son directeur Henry-Claude Cousseau, alors qu'elle était prévue depuis longtemps dans le cadre de l'exposition Week-end de sept jours. L'œuvre a été jugée trop provocante. Attention, âmes sensibles, nous allons en dévoiler le contenu : Siu Lan Ko a écrit (ô sacrilège) les mots « Travailler », « Gagner », « Plus », « Moins », sur de grandes banderoles noires. C'est tout ? Oui, c'est tout. Juste une référence au slogan bien connu du président français. Son projet peut sembler gratuit, or il est en totale cohérence avec sa démarche artistique : Siu Lan Ko travaille sur les slogans, interroge leur sens, les manipule et les détourne…On l'avait rencontrée en septembre dernier, à Pékin. Découvrant une jeune artiste prometteuse, performeuse engagée, se recouvrant de sang lors des commémorations de Tian'anmen, faisant voyager dans le monde entier des performances subtiles sur le sort des Tibétains – elle a longtemps travaillé au Tibet pour des ONG. Une jeune femme passionnée par les signes, les idéogrammes chinois, les slogans de propagande. Ce qui est paradoxal, c'est qu'elle expose assez facilement à Pékin, où son talent est reconnu, et son travail globalement toléré par les autorités. Mais à Paris, niet. « Le directeur des Beaux-Arts a peur que ça lui cause des ennuis, et que ça nuise au financement public de l'école *», explique Siu Lan Ko. Partenaire de l'expo, la commissaire Clare Carolin (du prestigieux Royal College of Art de Londres) est furieuse. « Mon professionnalisme a été insulté », dit-elle (c'est elle qui avait choisi cette artiste). « On m'a dit que le travail de Siu Lan Ko était trop explosif pour rester in situ et que certains membres de l'école et des personnes du ministère de l'Education s'en offusquaient déjà ». Le directeur des Beaux-Arts a proposé de mettre les banderoles à l'intérieur, où elles troubleraient moins l'espace public. Il se justifie comme il peut, explique que Siu Lan Ko est une étudiante (ou plutôt une ancienne étudiante, qui a passé, il est vrai, quelques semestres aux Beaux-Arts de Paris) et qu'il faut encadrer son travail. La blague ! « Cet incident reflète bien le climat de peur politique dès qu'on touche à Sarkozy en France, et à quel point la liberté d'expression est bafouée dès que des intérêts économiques sont en jeu », constate l'artiste. Venant d'une Chinoise, le coup fait mal. Elle dénonce un geste d'autocensure de la part d'Henry-Claude Cousseau (à sa décharge, il est encore poursuivi pour « diffusion d'images pornographiques de mineurs », à la suite d'une expo organisée en 2000 à Bordeaux sur l'art contemporain et l'enfance, on comprend qu'il soit échaudé). Ebranlée par cette histoire, Siu Lan Ko demande simplement que son œuvre soit raccrochée avant le vernissage de l'expo, samedi, et songe à une action en justice si tel n'est pas le cas.

(* C'est moi qui souligne. C'est quoi, déjà, le ... slogan ? Ah, oui: "autonomie des universités".)
**: Reportage Télérama : Humour noir contre puissance rouge 28 septembre 2009 http://www.telerama.fr/scenes/humour-noir-contre-puissance-rouge,47280.php

vendredi 5 février 2010

Restructuration à KCL, suite

Cette histoire des suppressions de postes à King’s College London me turlupinant, j’ai essayé d’y voir un peu plus clair. Et cette décision incompréhensible du point de vue de la logique scientifique semble prendre une certaine cohérence. Triste cohérence, certes…
Le plan de restructuration de KCL pour sa faculté " Arts et Humanités " , dont font partie entre autres la philosophie (qui " héberge " la linguistique informatique), la paleographie, et semble-t-il au moins une autre filière dont on envisage la fermeture (les Etudes américaines), tout en prévoyant de licencier 22 enseignants-chercheurs, parle d’ouvrir six nouveaux postes dans des " aires d’investissement stratégiques" (http://www.kcl.ac.uk/content/1/c6/06/80/12/AHConsultationDoc.pdf). Parmi elles, une filière’Identité culturelle’ et une filière ‘Culture digitale et visuelle’ (http://leiterreports.typepad.com/).

Or, nationalement, la branche ‘Communication, Culture et Etude des médias’ se trouve avoir la plus forte croissance de financements de recherche pour 2009-10 (http://www.guardian.co.uk/education/table/2009/mar/05/university-funding-research-subjects). Je n’ai pas la moindre idée des sources que recouvrent ces " financements de recherche " (publics ? privés ? les deux ?), ni qui décide de les allouer ici ou là ou sur quels critères, ni de leur importance vitale ou non pour le budget global des universités, mais il est clair qu’au moins de ce point de vue ils définissent certainement une aire " stratégique ".

Le tableau d’ensemble qui en résulte est donc le suivant : quand il s’agit de se restructurer, le " management " de KCL ne définit pas sa propre stratégie en fonction d’enjeux d’excellence scientifique bâtis au fil des années, mais s’adapte à des " stratégies " (tactiques ?) à court terme définis par des sources (de revenu !) politiques ou économiques.

J’espère profondément (mais si peu*…) que ma lecture des choses est faussée par ma connaissance incomplète du système d’enseignement et de recherche anglais, car les " universités de recherche " comme KCL servent de modèle explicite aux réformes en cours en France. Où l’on nous parle de renforcer le " management " administratif des universités** qui définira les stratégies scientifiques des établissements afin de garantir – nous dit-on… -- l’excellence de leur recherche. Au secours !

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* N’ai-je pas lu quelquepart que les universités anglaises dépendaient désormais du Ministère de l’économie ? Je vais essayer de retrouver ma source.
** Le pré-rapport Aghion (v. un post précédent) préconise une gouvernance équilibrée entre " management administratif " et collèges académiques. Mais la loi LRU a drastiquement renforcé le pouvoir administratif, et V. Pécresse ne trouve pas d’actualité un rééquilibrage…

jeudi 4 février 2010

Protestation contre les licenciements d’universitaires à KCL

Licenciement d'universitaires à King's College London (v. mon post 'Autonomie et excellence')
Lisez, faites circuler, et SIGNEZ la pétition :

Pourquoi signer ?
1)parce que d’après nos collègues anglais, c’est efficace
2)parce que c’est important

Certains de mes amis soucieux des évolutions de l’enseignement et de la recherche me répondent " pourquoi signerais-je pour une poignée d’enseignants-chercheurs bien payés dans une fac d’excellence, bien adaptés à un modèle qu’on est en train de nous imposer de force ici, alors que nous nous ramons ? "

Justement.
King’s College London est en effet un de ces fleurons européens qui plaisent tant à nos technocrates (v. sa belle présence dans le pre-rapport Aghion, cf. post précédent) et qui leur servent de modèle, au nom de l’excellence et du développement de recherches " porteuses " pour l’économie.
Que l’on adhère à ce modèle, ou qu’on en dénonce les effets pervers, il est donc vital de regarder ce qui s’y passe en ce moment.

Que s’y passe-t-il ?
- Les méthodes de management technocratique prennent le pas sur la collégialité universitaire voire la légalité (v. détail de la lettre des étudiants, et les lettres de personalités dans la rubrique " Spread the word ": http://www.protectphilosophyjobs.org.uk/#speak) ;
- En période de vaches maigres, on préfère licencier des enseignants-chercheurs que chercher d’autres solutions ;
- L’affaire montre au plus haut point l’hypocrisie du discours sur l’excellence et sur la compétitivité tenus par les technocrates de là-bas ou d’ici :
  • Le département touché (à côté d’autres: http://leiterreports.typepad.com/), celui de philosophie, est " porteur " (linguistique informatique), " interdisciplinaire " (philosophie, informatique, linguistique , logique, modélisation mathématique), " d’excellence " tant en recherche qu’en enseignement (cf. évaluations internes et externes citées dans la lettre des étudiants).
  • Les enseignants-chercheurs touchés sont excellents.
  • Pour prendre le cas le plus emblématique de Shalom Lappin, outre son excellence scientifique, c’est (tiens, tiens…) un esprit brillant, non inféodé à quelque école de pensée, que ce soit dans son domaine scientifique ou dans le domaine politique où il prend régulièrement position.
Ce à quoi on assiste, c’est donc au mieux, l’incompétence scientifique d’une équipe de direction dont la stratégie foule au pied tous les principes de la recherche scientifique de qualité, et il faut le faire apparaître, au pire, une attaque de ce que nos sociétés doivent préserver, excellence ou pas, modèle de gestion anglo-saxon ou pas : la philosophie, les SHS, l’expérimentation transversale, l’indépendance de pensée, la concertation démocratique, la richesse du tissu humain dans l’enseignement et la recherche.
Et parce que KCL fait partie de ce qui sert aujourd’hui de modèle, il est encore plus important de faire entendre à cette occasion à quoi devrait ressembler ce modèle, et ce qu’il ne doit pas être.

Donc, signez!

mardi 2 février 2010

Sautons comme des cabri en disant "l'excellence"

Tiens, à propos du rapport sur l'excellence (future, bien sûr) des universités françaises, une lecture (pour le moins littérale) du Monde, ci- dessous, et surtout, une autre lecture, moins littérale, de Médiapart:
http://www.mediapart.fr/club/blog/christophe-pebarthe/280110/its-economy-stupid-de-lexcellence-des-universites-francaises-se

Pour l'intégralité du rapport Aghion (en pdf):
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3375

Et trois analyses de ce rapport :
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3389

Quelques nouvelles du "modèle anglo-saxon":
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?rubrique12

Des pistes pour renforcer la compétitivité des universités françaises
LEMONDE.FR 26.01.10
15h11 • Mis à jour le 26.01.10 15h16
Comment la France peut-elle assurer l'excellence académique et renforcer la compétitivité internationale de son système universitaire ? A cette question, l'économiste Philippe Aghion apporte ses réponses, dans
un rapport d'étape sur l'"excellence universitaire" remis, mardi 26 janvier, à la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse.
Après étude des systèmes universitaires les plus performants dans les divers classements aujourd'hui produits à travers le monde (Shanghaï, Webometrics, Times higher education, etc.), c'est-à-dire essentiellement les universités anglo-saxonnes, le professeur d'économie d'Harvard rappelle le triptyque de l'excellence universitaire : autonomie, moyens et incitations.
Concrètement, pour atteindre l'excellence, un gouvernement doit pouvoir actionner ces trois leviers de façon coordonnée. En même temps, qu'il renforce l'autonomie de ses universités (tant en matière financière et pédagogique qu'en matière de gestion des ressources humaines), il doit accroître les moyens mis à leur disposition de façon significative et développer des "incitations", notamment dans l'attribution des fonds de recherche par appel d'offres.
Si la France a déjà modifié en partie son organisation universitaire dans ce sens, via la mise en place des Agences nationales d'évaluation et de financement de la recherche (loi recherche, 2006) et la loi d'autonomie des universités (LRU, 2007), elle se doit de passer une nouvelle étape, estime Philippe Aghion. Notamment en matière de gouvernance des universités ou des ensembles universitaires. "L'excellence universitaire repose sur la mise en place d'une gouvernance équilibrée entre légitimités exécutive et académique", précise le professeur d'économie d'Harvard.
Ainsi, devraient s'ajouter à un conseil d'administration (CA) resserré, largement composé de personnalités externes - ce qui est aujourd'hui le cas dans les universités françaises - une instance académique (sénat) large, qui conseille le président élu par le CA, ainsi que des comités ad hoc (enseignants-chercheurs internes et externes) qui décident ou non d'entériner les propositions de nominations ou de promotions d'enseignants-chercheurs émanant des départements ou "graduate schools" (où l'on prépare le master et le doctorat aux Etats-Unis).
Absent de l'actuelle loi d'autonomie, cet équilibre a été en particulier demandé par les universitaires afin de limiter les pouvoirs des présidents d'université.
Pour l'instant, Valérie Pécresse écarte toute réécriture de la loi pour rééquilibrer la gouvernance des établissements, car "les universités peuvent mettre en place dans le cadre de la loi actuelle, et si elles le souhaitent, ces sénats académiques".
En revanche, la ministre s'est montrée plus intéressée par la présentation de l'organisation des meilleures universités. Philippe Aghion estime qu'une université d'excellence est avant tout multidisciplinaire, qu'elle offre une formation tant au niveau de la licence qu'au niveau du master et du doctorat (graduate schools), et qu'elle s'organise sur trois "niveaux" : université à la gouvernance affirmée et équilibrée, composantes (écoles, graduate schools) et départements disciplinaires.
Dans le cadre de la préparation de l'appel d'offres lié à la distribution des moyens affectés par l'emprunt national (7,7 milliards d'euros pour dix campus d'excellence), ce schéma d'organisation pourrait être l'un des critères obligatoires de rapprochement des campus candidats.
Philippe Jacqué

lundi 1 février 2010

Autonomie et excellence

Lorsque ces derniers temps des universitaires français protestaient contre les réformes en cours ("autonomie" des universités, réforme des concours d'enseignement et du statut des enseignants chercheurs, etc.), il était de bon ton de leur répondre que seuls les médiocres et les inadaptés (bon débarras) seraient touchés par l'autonomie.
Voici que devenu autonome et en panne de budget, le prestigieux King's College de Londres (c'est dire, il est même cité en place ... royale dans tous les classements d'excellence eux-mêmes cités par notre rapporteur français sur l'amélioration des performances de nos universités françaises) se débarrasse, entre autres, de sa (non moins prestigieuse) paleographie, et d'au moins un brillant philosophe et linguiste, le Pr Shalom Lappin (une liste de publications à faire baver l'Aeres, anciennement professeur visiteur à l'Université d'Illinois à Urbana-Champaign, elle-même dans les meilleures places des classements etc., bref, pas un petit jeune "sans potentiel" ). Sa filière linguistique informatique (tiens, on vante pourtant ce type de filières en prise avec la demande du marché...) est menacée de fermeture.
Mais bien entendu, c'est chez nos voisins anglais, qui, on le sait, ne sont pas comme tout le monde...

Infos:
http://timesonline.typepad.com/dons_life/2010/01/university-cuts-redundancies-and-byebye-palaeography.html#more

http://leiterreports.typepad.com/blog/2010/01/budget-crisis-at-kings-college-london-kcl-firing-senior-faculty-in-philosophy-including-full-profess.html

http://www.facebook.com/home.php#/group.php?gid=277389651575&ref=nf

Lettre de Shalom Lappin
http://gist.github.com/288062