vendredi 6 février 2009

Grève Enseignants Chercheurs

Face aux réformes en cours de l'enseignement et de la recherche, un mouvement massif de grèves, sous des formes diverses, gagne les universités et organismes de recherche. Il s'agit de réagir contre ces réformes, qui sont l'aboutissement d'une vision idéologique inepte de l'enseignement et de la recherche se développant depuis une quinzaine d'années, plus particulièrement en France mais également en Europe.
Une bonne synthèse des problèmes, claire et accessible, dans le document intitulé "Pourquoi?" sur ce site:

Pour des discussions et des présentations plus détaillées, voir les sites de Sauvons la Recherche (SLR) et Sauvons l'Université (SLU):
http://www.sauvonslarecherche.fr/
http://www.sauvonsluniversite.com/

Depuis au moins dix ans, pour compenser la dégradation des budgets et des conditions de formation de nos étudiants et de recherche, et la diminution constante des personnels administratifs, nous prenons sur nos propres forces, notre temps de sommeil, et nos propres salaires (ex: sur 4 conférences données l'an dernier à Paris ou à l'étranger, mon équipe Fac/CNRS, aux budgets de plus en plus dérisoires, n'a pu m'en financer que 3. J'ai payé les autres déplacements de ma poche. Dans quel autre métier cela serait-il tenu pour acceptable? Je finance également en partie mon outil de travail: je m'achète les livres que ma bibliothèque, au budget misérable, ne peut commander; l'an dernier, j'ai même fait, en ville, les photocopies que je distribue à mes étudiants, car le budget de mon département était à sec...). Aujourd'hui nous sommes fatigués. Le gouvernement nous fait passer pour des incapables au niveau international, alors que nous compensons la misère et la dureté de nos conditions de travail par notre enthousiasme, notre travail incessant et notre passion, pour publier à un niveau honorable malgré tout. On nous dit incapables d'évolution, de remise en question: nous nous adaptons en permanence (une réforme majeure de notre système tous les un à deux ans, dont nous assurons nous-même la mise en place puisque les universités sont "auto-gérées", dans des délais ubuesques), et le COEUR même de notre travail EST la remise en question et l'évolution!!!!
Je n'ai pas fait deux ans de suite exactement le même cours: je cherche sans arrêt à l'améliorer, à y intégrer des avancées de la recherche, à le rendre plus clair, plus adapté aux besoins des étudiants sans concilier sur la qualité. Et qu'est-ce que chercher, sinon remettre en question, dépasser les apparences, douter, tenter de vérifier, changer d'angle de vue en permanence, ne rien tenir pour totalement acquis ?
Ceux qui voient dans ce mouvement un moment d'agitation manipulé par des extrêmistes se trompent: c'est un mouvement politique au sens noble, un sursaut des valeurs qui fondent notre métier et notre communauté, par delà ses divergences parfois profondes.

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