mardi 29 septembre 2009

Accident, catastrophe, autonomie

Ce matin, pour annoncer un nouveau suicide à France Télécom, une responsable vient de parler d'accident. Cela me rappelle ce journaliste de télé, qui, quelques mois après le 11 septembre, commentait le tsunami en parlant de "cette nouvelle catastrophe". Visiblement, sans y mettre la moindre connotation étymologique ou philosophique -- juste un nouveau machin qui arrive et qui fait plein de morts. Regards purement extérieurs, sans profondeur causale ni réflexive. Sûr qu'à FT, le responsable de la gestion des accidents du travail et de la sécurisation comptable des flux humains va bosser, et stresser, parce que son bilan individuel ne sera pas optimisé cettte année, et que l'affichage va s'en ressentir.

Malgré ses raccourcis parfois irritants, je ne peux pas m'empêcher d'en apprécier plus Défense et illustration de la novlangue française, de Jaime Semprun (Editions de l'Encyclopédie des nuisances, Paris, 2005) -- merci JJ! finalement, je l'ai embarqué à Toulouse; je te le rends en novembre ou je te le poste ? :
"Je crois avoir dit tout ce qu'il est raisonnablement possible de dire en faveur de la novlangue, et même un peu plus. Après cela, je ne vois pas ce que l'on pourrait ajouter de plus convaincant pour en faire l'éloge. Cependant, l'ayant défendue en tant qu'elle est la plus adéquate au monde que nous nous sommes fait, je ne saurais interdire au lecteur de conclure que c'est à celui-ci qu'il faut s'en prendre si elle ne lui donne pas entière satisfaction".

Intéressante double-page Débats, sur les suicides au travail, dans le Monde de Samedi 28 septembre (hélas, je ne sais absolument pas trouver ça sur leur site pour mettre un lien): "Axé sur la gestion, la rentabilité et l'individualisme plutôt que sur le métier bien fait et le vivre ensemble, le management actuel génère un environnement pathogène". Toute resemblance avec...

1 commentaire:

Astrognome a dit…

Le Semprun attendra novembre, avec toute la pile de bouquins (entamés et pas finis, ou même pas commencés) qui m'attend...