mercredi 5 mai 2010

Sauver quoi?

Je l'avoue, la Grèce a du mal à avoir toute ma sympathie. Quand le "berceau de la démocratie" devient quelques siècles plus tard un pays où le sport national consiste à éviter de payer ses impôts, on a un peu de mal à s'apitoyer sur le fait qu'il sera une victime exemplaire des marchés et du libéralisme -- individualisme pour individualisme...
Sauf que. Sauf qu'on nous fait passer la politique de rigueur, de maîtrise budgétaire, d'euro fort, de réduction du service public, pour une super bonne nouvelle: la Grèce et l'Europe seront sauvées ! (Reportage sur France 2 l'autre soir: voyez comme la Suède a su gérer sa crise: ils ont supprimé un fonctionnaire sur deux et les bureaux de poste ont disparu, maintenant, on va chercher son courrier dans les épiceries. Applaudissez, brave gens! ). Vivement que l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la France fassent pareil!
Et là, merde. Pas sûr qu'on ait envie de sauver cette Europe-là et cette politique-là, qui engraisse les spéculateurs et sacrifie l'éducation, la santé, la vie sociale telle que nous les concevons. Pas envie que la Grèce serve d'accélérateur à des politiques On préfèrerait sauver une Europe où les Grecs paient leurs impôts et où les impôts, au service du peuple, servent à construire une société plus sympathique. Plus latine ?

2 commentaires:

astrognome a dit…

J'épouse et applaudis des deux mains (et des deux pieds, histoire de faire de la concurrence aux phoques pas encore mazoutés) ce que tu dis (je résume) de la Grèce, de l'Europe, des modèles économiques, de la grande Carmen et du gros dégueulasse - euh, dégraisseur.
Quant à la fraude fiscale (qui n'a pas ma sympathie), peut-être les Grecs (je veux dire les contribuables particuliers comme toi et moi, pas les entreprises qui font des bénéfs et entourloupent le phiskos ellenikos) y sont-ils incités par des salaires particulièrement bas, comparables aux mileuristas espagnols (à ce propos, un copain espagnol me disait qu'il était tenté de rentrer en Espagne pour accepter une offre de boulot super bien payée ; je lui demande ce que c'était en Espagne actuelle, un boulot SUPER bien payé, il me répond 1400€ mensuels, alors que j'imaginais naïvement au moins le double), peut-être donc le quidam grec est-il indirectement incité à tricher sur sa déclarations de revenus, peut-être aussi la faiblesse d'Etat-providence, pourtant historiquement typique des pays méditerranéens même si l'Europe du Nord a largement pris exemple dessus depuis Thatcher quitte à nuancer sur le mode de la flexicurité danoise, peut-être la faiblesse en Grèce de l'Etat-providence n'est-elle pas palliée comme en Espagne par un réseau de famille étendue capable de parer aux accidents de la vie, comme on dit pudiquement...
A part ça je fouinais distraitement sur le ouèbe au sujet de la LDJ, du Bétar et de la Tribu K, c'est assez terrifiant les discours et pratiques communautaristes extrémistes en France aujourd'hui. Ai notamment découvert cette perle sur un forum de la diaspora africaine : "Je ne parle pas de ces sortes de Bounties que les racistes veulent nous imposer comme stars de la communauté noire" (jimagine qu'il faisait allusion à Roselmack et Pulvar). Le concept du Bounty, tel une version moderne de l'Oncle Tom en plus sucré et riche en acides gras, laisse rêveur. Où allons-nous...

le niglu a dit…

Pas faux, il me manque des éléments du tableau. Ceci dit l'été en Espagne, où je vais faire mes courses au plus près sans comparer les prix, je me nourris pour trois fois moins cher qu'ici, donc faudrait voir à quoi correspond 1400 euros en termes globaux (logement, santé, etc.)Et pour nuancer aussi: mon banquier comptant prêter plus cher qu'il n'emprunte, il se fera peut-être aussi de beaux bénefs dans l'histoire. Même s'il n'est pas sûr qu'il ne demande pas l'aide des contribuables en plus par gratitude pour sa belle opération de sauvetage si altruiste... Sur LDJ et Tribu K, je ne suis plus du tout: c'est quoi?