dimanche 25 mars 2012

Presse d'information?

Alors que pendant une semaine on nous a, notamment sur les chaînes d'information continue, abreuvés d'images en boucle et d'informations plus ou moins approximatives sur les "tueries de Toulouse", alors que lundi soir, rue Dalou, habitants du quartier venus déposer en silence des fleurs devant le collège-lycée où se recueillaient proches et familles des victimes, nous avons dû esquiver à chaque instant des hordes de journalistes (j'ai moi-même refusé de parler à un journaliste espagnol et un journaliste danois), ce soir peu d'images de la marche silencieuse de 6.000 personnes à Toulouse (chiffres de la police) qui se terminait devant le collège-lycée. Sans doute pas télégénique, cette foule silencieuse d'anonymes de toutes origines et confessions, athés compris, de tous âges, sans banderoles ni mots d'ordre, en ces temps de campagne électorale... Pour une fois, TF1 et France2 ont fait un peu mieux que leurs concurents du câble. Mais seule l'édition nationale de France3, dans son 19-20, ont donné la parole aux personalités qui menaient le cortège, on montré l'imam de Drancy en larmes, lui ont donné la parole -- sobre, juste --, ont retransmis les mots du Grand rabin de France, rappelant que l'on pleurait des victimes et pas seulement des victimes juives, rappelant, aussi, que les premières victimes des djihadistes sont le plus souvent des musulmans.
Sans doute, en ces temps où la mode est au communautarisme, ces propos sont-ils trop compliqués pour les cerveaux formatés des journalistes, ou les pensent-ils trop compliqués pour les petits cerveaux de leurs auditeurs. Sans doute, à l'heure où l'on reproche aux "musulmans modérés", sans trop savoir ce que l'on met sous cette étiquette, de ne pas assez s'exprimer, les propos de l'imam de Drancy sont-ils complètement hors-sujet.
Bien sûr, à ses côtés, on aurait aimé voir tous les notables de CFCM -- mais Toulouse est bien loin de Paris, et ils savent sans doute que les caméras ne s'y déplacent vraiment que pour les fusillades, tellement plus vendeuses à la télé. On n'ose imaginer, bien sûr, que leur absence pourrait avoir un lien quelconque avec le fait que la politique actuelle, communautariste bien plus que républicaine, surfant sur les peurs, est aussi celle qui a conduit à la constitution du CFCM en son état actuel.

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