jeudi 4 février 2010

Protestation contre les licenciements d’universitaires à KCL

Licenciement d'universitaires à King's College London (v. mon post 'Autonomie et excellence')
Lisez, faites circuler, et SIGNEZ la pétition :

Pourquoi signer ?
1)parce que d’après nos collègues anglais, c’est efficace
2)parce que c’est important

Certains de mes amis soucieux des évolutions de l’enseignement et de la recherche me répondent " pourquoi signerais-je pour une poignée d’enseignants-chercheurs bien payés dans une fac d’excellence, bien adaptés à un modèle qu’on est en train de nous imposer de force ici, alors que nous nous ramons ? "

Justement.
King’s College London est en effet un de ces fleurons européens qui plaisent tant à nos technocrates (v. sa belle présence dans le pre-rapport Aghion, cf. post précédent) et qui leur servent de modèle, au nom de l’excellence et du développement de recherches " porteuses " pour l’économie.
Que l’on adhère à ce modèle, ou qu’on en dénonce les effets pervers, il est donc vital de regarder ce qui s’y passe en ce moment.

Que s’y passe-t-il ?
- Les méthodes de management technocratique prennent le pas sur la collégialité universitaire voire la légalité (v. détail de la lettre des étudiants, et les lettres de personalités dans la rubrique " Spread the word ": http://www.protectphilosophyjobs.org.uk/#speak) ;
- En période de vaches maigres, on préfère licencier des enseignants-chercheurs que chercher d’autres solutions ;
- L’affaire montre au plus haut point l’hypocrisie du discours sur l’excellence et sur la compétitivité tenus par les technocrates de là-bas ou d’ici :
  • Le département touché (à côté d’autres: http://leiterreports.typepad.com/), celui de philosophie, est " porteur " (linguistique informatique), " interdisciplinaire " (philosophie, informatique, linguistique , logique, modélisation mathématique), " d’excellence " tant en recherche qu’en enseignement (cf. évaluations internes et externes citées dans la lettre des étudiants).
  • Les enseignants-chercheurs touchés sont excellents.
  • Pour prendre le cas le plus emblématique de Shalom Lappin, outre son excellence scientifique, c’est (tiens, tiens…) un esprit brillant, non inféodé à quelque école de pensée, que ce soit dans son domaine scientifique ou dans le domaine politique où il prend régulièrement position.
Ce à quoi on assiste, c’est donc au mieux, l’incompétence scientifique d’une équipe de direction dont la stratégie foule au pied tous les principes de la recherche scientifique de qualité, et il faut le faire apparaître, au pire, une attaque de ce que nos sociétés doivent préserver, excellence ou pas, modèle de gestion anglo-saxon ou pas : la philosophie, les SHS, l’expérimentation transversale, l’indépendance de pensée, la concertation démocratique, la richesse du tissu humain dans l’enseignement et la recherche.
Et parce que KCL fait partie de ce qui sert aujourd’hui de modèle, il est encore plus important de faire entendre à cette occasion à quoi devrait ressembler ce modèle, et ce qu’il ne doit pas être.

Donc, signez!

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