vendredi 5 février 2010

Restructuration à KCL, suite

Cette histoire des suppressions de postes à King’s College London me turlupinant, j’ai essayé d’y voir un peu plus clair. Et cette décision incompréhensible du point de vue de la logique scientifique semble prendre une certaine cohérence. Triste cohérence, certes…
Le plan de restructuration de KCL pour sa faculté " Arts et Humanités " , dont font partie entre autres la philosophie (qui " héberge " la linguistique informatique), la paleographie, et semble-t-il au moins une autre filière dont on envisage la fermeture (les Etudes américaines), tout en prévoyant de licencier 22 enseignants-chercheurs, parle d’ouvrir six nouveaux postes dans des " aires d’investissement stratégiques" (http://www.kcl.ac.uk/content/1/c6/06/80/12/AHConsultationDoc.pdf). Parmi elles, une filière’Identité culturelle’ et une filière ‘Culture digitale et visuelle’ (http://leiterreports.typepad.com/).

Or, nationalement, la branche ‘Communication, Culture et Etude des médias’ se trouve avoir la plus forte croissance de financements de recherche pour 2009-10 (http://www.guardian.co.uk/education/table/2009/mar/05/university-funding-research-subjects). Je n’ai pas la moindre idée des sources que recouvrent ces " financements de recherche " (publics ? privés ? les deux ?), ni qui décide de les allouer ici ou là ou sur quels critères, ni de leur importance vitale ou non pour le budget global des universités, mais il est clair qu’au moins de ce point de vue ils définissent certainement une aire " stratégique ".

Le tableau d’ensemble qui en résulte est donc le suivant : quand il s’agit de se restructurer, le " management " de KCL ne définit pas sa propre stratégie en fonction d’enjeux d’excellence scientifique bâtis au fil des années, mais s’adapte à des " stratégies " (tactiques ?) à court terme définis par des sources (de revenu !) politiques ou économiques.

J’espère profondément (mais si peu*…) que ma lecture des choses est faussée par ma connaissance incomplète du système d’enseignement et de recherche anglais, car les " universités de recherche " comme KCL servent de modèle explicite aux réformes en cours en France. Où l’on nous parle de renforcer le " management " administratif des universités** qui définira les stratégies scientifiques des établissements afin de garantir – nous dit-on… -- l’excellence de leur recherche. Au secours !

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* N’ai-je pas lu quelquepart que les universités anglaises dépendaient désormais du Ministère de l’économie ? Je vais essayer de retrouver ma source.
** Le pré-rapport Aghion (v. un post précédent) préconise une gouvernance équilibrée entre " management administratif " et collèges académiques. Mais la loi LRU a drastiquement renforcé le pouvoir administratif, et V. Pécresse ne trouve pas d’actualité un rééquilibrage…

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